La semaine dernière je vous proposais un premier billet sur l’éthique et l’écologie en voyage. Lorsque j’ai commencé à mettre mes idées sur papier je ne pensais pas faire deux parties. Mais afin de documenter l’ensemble j’ai lu énormément de choses passionnantes et aiguisé mon sens critique.
Il n’y a pas une bonne solution. Et ce que je propose une fois encore, ce n’est que ma vision des choses, pour limiter notre impact même en quittant notre routine quotidienne.
Vivre local
Je ne suis pas une obsédée de l’écologie et de l’éthique. Je tente de faire de mon mieux. Ainsi il m’arrive de vouloir absolument manger au Burger King (une fois tous les 5 ans) ou de prendre un bain quand je découvre une grande baignoire.
Par contre j’ai travaillé dans une librairie indépendante, ma mère est artisan et donc l’économie locale est quelque chose d’important pour moi. Un système à défendre autant que possible.
En voyage la vie locale est facile à suivre car après tout, si on voyage c’est souvent pour voir comment ça se passe ailleurs. Aller au marché permet de découvrir de nouveaux fruits, de nouvelles saveurs et d’observer les us et coutumes. Abandonner les produits à base de porc pendant quelques jours en pays musulman passe inaperçu face à la profusion de viande dans les kebabs ou couscous.
Cela consiste aussi à s’entasser à 9 dans une voiture au Togo (taxi collectif), à fermer les yeux sur la place passager d’un scooter dans Rome, à balbutier quelques mots de grecs pour réserver un billet de bus ou à décaler ses horaires des vie (repas, sieste, etc) pour se mettre sur le rythme du coin.
Dans un genre un peu différent, c’est vouloir privilégier la rencontre avec les locaux plutôt qu’avec les autres touristes. Pendant son voyage au Japon mon namoureux a rencontré beaucoup de personnes incroyables et de nationalités diverses grâce à la salle commune de l’auberge de jeunesse. Mais même si cela lui a demandé un peu plus d’effort, c’était tout aussi enrichissant de sympathiser avec des Japonais.
Au niveau de l’impact écologique, il est facile de voir qu’on évite ainsi les importations et d’influencer la vie locale.
L’exemple choc, mais qui a le mérite d’être clair, c’est le tourisme sexuel. Ce type d’activité très spécifique s’est développé car il y avait une demande. Nous risquons, en imposant notre vision de touriste, d’uniformiser le monde tout aussi sûrement que les boutiques ikea uniformisent nos maisons d’un bout à l’autre de la planète.
Conserver nos réflexes du quotidien
Alors bien sûr à l’hôtel, nous ne payons ni la facture d’électricité, ni celle d’eau. Peu importe ce que l’on consomme, la note ne changera pas. Est-ce une raison de prendre des douches de trente minutes ou de demander des serviettes propres tous les jours ?
C’est pourtant la partie la plus difficile. A Istanbul ou en Grèce par exemple, les poubelles publiques semblent inexistantes. Et l’on voit tout autours de soi les locaux jeter leur déchet à même le sol. Pelures de clémentine côtoient mégots ou emballage de gâteaux. Et nous, nous gardons notre papier dans la main, espérant bien trouver une poubelle (qui se révèle trop souvent dans les toilettes du restaurants ou chez nous). Malgré tout Istanbul propose le tri sélectif des déchets…
Il en va de même quand on passe au supermarché. Les habitudes de notre pays d’accueil peuvent différer des nôtres. Est-ce une raison pour les accepter ? Ainsi une amie voulait absolument que je prenne des sacs plastiques au supermarché en Grèce, car ici c’est gratuit et qu’on en a toujours besoin…
Refuser certaines activités
Je n’aime pas les tours de calèches où les chevaux ont l’air malheureux. Et nous évitons les tours en bus, préférant l’énergie de nos jambes à celle de la pompe à essence.
Les visites guidées dans les quartiers pauvres nous gênent même si elles sont souvent menées par des associations caritatives. J’aurai l’impression de faire du voyeurisme. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai énormément tergiversé à l’idée de visiter un pays d’Afrique noire. Ce continent est mon grand rêve. Mais je ne me voyais pas y être « touriste », me poser dans un club ou dans un hôtel, rester entre « blancs ». Alors plutôt que de payer une association caritative pour me promener, je suis partie comme volontaire.
A côté de ça, il y a ce que la société attend de nous, et ce que nous, loin d’être des moutons nous voulons faire. Nous ne fuyons pas les lieux « incontournables », nous nous y rendons uniquement si nous en avons envie. J’ai été voir la Statue de la Liberté à New-York, mais je ne suis pas montée en haut de l’Empire State Building. Et je n’en rougis même pas, je n’ai pas l’impression de ne pas avoir profité à fond de mon voyage là-bas.
Enfin, autre sujet sensible, les souvenirs. Ils sont partout, ils sont fabriqués en Chine et ils m’énervent au plus haut point. Ils ne servent à rien, ils prennent la poussière mais ils sont supposés témoigner de notre bonheur à avoir visiter tel endroit ou des pensées que nous avons eu pour la famille. Nous ne ramenons que de la nourriture… quand nous ramenons quelque chose. Cela va avec ma vision de la simplicité volontaire que je présentais dans mon billet précédent. Et j’agis ainsi sur la production locale.
Garder ses idéaux avec des enfants
Il y a un de nos principes qui a complètement disparu depuis le début de notre vie nomade. Nous avons abandonné les couches lavables (ingérables et trop lourdes). Nous avions prévu des lingettes de coton lavable pour laver les fesses entre chaque couche mais elles ont mystérieusement disparu (l’inconvénient de préparer un sac et vider un appartement au même moment).
Du coup nous ne fonctionnons plus qu’avec des couches jetables (et le pot, oui oui, nous avons un pot accroché à notre sac à dos) et des lingettes jetables. J’ai essayé en vain d’acheter des lingettes en tissus en Croatie. Puis j’ai voulu garder les lingettes pour les sorties et me contenter à la maison de coton et d’eau, bien suffisant dans la plupart des cas. Là encore, échec et mat, cela fait trois pays que le seul coton en vente est pour se démaquiller et qu’il peluche.
Évitons de trop nous appesantir sur ce désastre écologique et économique.
Le plus important est de ne jamais oublier que les enfants apprennent de notre exemple. Pas de ce que nous leur racontons, mais de ce que nous leur montrons. Si maman jette ses épluchures de clémentines, au pied d’une rangée d’arbres à agrumes, l’enfant le voit, stocke l’information et finit par jeter sa serviette par terre entre les fleurs. Si papa laisse l’eau couler pendant qu’il se brosse les dents, l’enfant insiste pour avoir aussi le robinet allumé quand c’est à son tour de se brosser les dents. C’est valable à la maison et en voyage.
Car soyez sûr que si vous oubliez une fois de retour à la maison ces quelques gestes qui semblent sans conséquence, votre enfant saura vous les rappeler !
Être éthique et écolo, ce n’est pas en faire des tonnes et changer toutes nos habitudes. Mais comme on le dit très justement pour l’apprentissage des langues étrangères, un tout petit peu vaut toujours bien plus que rien du tout.
Avez-vous d’autres astuces, d’autres conseils pour me permettre d’enrichir ma réflexion ?
très bel article Ursula. Je te lis avec plaisir et délectation. Beau voyage encore.
Manuela
Merci beaucoup. Le voyage continue, mais j’aimerai me poser en Sicile, apprendre l’italien, et je me retrouve à de nouveau démarcher les écoles de FLE.