Quand la vie nomade est un échec

C’est ce que je pense aujourd’hui, tout en ayant une petite voix dans ma tête qui dit que je suis injuste. Nous avons tout quitté, tout vendu/donné/jeté pour oser vivre autre chose. C’était il y a presque deux ans maintenant. Je pensais partir pour des années.

Je pensais découvrir l’Europe, rencontrer des personnes incroyables et aller travailler en Chine.

Nous avons pu découvrir l’Écosse grâce à du housesitting
Nous avons pu découvrir l’Écosse grâce à du housesitting

J’ai travaillé, traduit, enseigné. J’ai échangé mes compétences contre des logements. J’ai vu les faiblesses de notre vie (pas assez d’entrées d’argent) et j’ai tenté de modifier ce qu’il fallait pour poursuivre l’aventure. J’ai passé des entretiens avec des écoles sur tous les continents !

Il n’y a qu’une chose que je n’ai pas bien pris en compte. Les rêves de vie de mon namoureux. Et lui, s’il a tenté de valider son master d’archéologie à distance, cela ne lui convenait pas. Et il a toujours envie d’avoir son master. Je pense qu’il espère même un doctorat, et mettre les mains dans la terre un peu plus souvent.

Nous sommes arrivés en Alsace sans vraiment avoir mis sur la table nos attentes et nos espoirs. Je voyais l’Alsace comme une nouvelle étape pour reprendre la route. J’espérais que nous gagnerions un ou deux mois de salaire pour cela. Rien n’a fonctionné comme prévu. Encore une fois.

« si tu veux faire rire Dieu, raconte lui tes plans pour le futur »

Il faut que je me fasse à l’idée, que même si en ce moment, je m’en sors mieux comme digital nomad (travailler n’importe où et choisir de vivre n’importe où), nous sommes trois dans cette aventure et je n’ai pas de quoi nous faire vivre tous les trois.
Alors même si j’ai du mal à être enthousiasmée par cette idée, nous allons mettre notre vie nomade sur pause pendant probablement 2 ans (la durée d’un master). Ensuite… Ensuite, je sais ce que je veux faire, repartir ensemble. Mais qu’en sera-t-il véritablement…

En fait cette vie nomade n’a pas été totalement un échec, car j’ai beaucoup appris :

  • j’aime cette vie, j’aime me poser un mois dans une ville, plonger dans la langue, la culture, me promener dans des rues inconnues ;
  • les gens qui ont choisi cette vie sont incroyables, maintenant que j’ai vu ce qu’il fallait vraiment faire pour que ça fonctionne, je n’en suis que plus admirative ;
  • je suis encore bien trop timide, il me faudrait un an de plus pour oser et profiter à fond ;
  • ça ne peut fonctionner que si toute la famille est d’accord sur les grandes idées de cette vie (après chacun peut faire les visites qu’il veut une fois) ;
  • il est plus difficile d’être parent que d’être voyageur ;
  • aujourd’hui mes deux objets indispensables pour voyager son mon passeport et ma carte bancaire.

Pour l’instant je n’en sais pas plus sur la vie sédentaire qui nous attend, même pas notre ville d’installation. Mais j’ai bien l’intention de me forcer à m’émerveiller pour me rappeler que chaque région est riche et différente.

28 commentaires Ajoutez les votres
  1. Ca fait plusieurs fois que je viens relire ce que tu as écrit et je ne sais pas trouver les mots justes.

    Ca me frustre que tes entretiens n’aient pas marché alors que chaque jour je tape une nouvelle ville sur Google Maps en me demandant « et si ? »… alors que tu n’as pas cette chance. Je ne sais pas si c’est une question d’expérience, de mobilité, ou d’exigences (du prof comme de l’institution)….

    J’espère que tu sauras surmonter cette déception et continuer tous ces projets.

    1. Merci beaucoup de ton soutien.
      Je me suis reconvertie comme prof un peu tard, ne pensant pas une seule seconde au visa plus « facile » pour les moins de 30 ans comme atout pour gagner de l’expérience. On apprend en faisant…

  2. Je pensais qu’on partirait cet été et c’est aussi parce que j’ai un amoureux qu’on est resté donc je crois que je comprends un peu (même si nos histoires et nos plans n’étaient pas les mêmes). Aujourd’hui, il m’arrive de repenser avec nostalgie à ce chemin qu’on a pas pris mais rien ne dit que l’avenir n’apportera pas quelque chose de similaire et en attendant, je me suis forcée à aller de l’avant ici : j’ai donc commencé un autre projet, un projet profondément sédentaire (créer mon entreprise et la faire connaitre) sans m’empêcher de tout arrêter un jour pour renouer avec le projet précédent ; c’est pas logique pour beaucoup car « tu mets tant d’efforts pour peut-être pas garder cela dans la durée » mais ce n’est pas tellement le but qui m’intéresse mais le fait d’avoir un projet, quelque chose à construire 🙂
    Je te souhaite donc aussi de trouver des alternatives motivantes en attendant de replier bagages peut-être dans le futur et qui sait, peut-être trouveras-tu ton équilibre en n’étant pas nomade 🙂

    1. Je me dis aussi que j’ai besoin d’un nouveau projet, pour le faire (et pas pour l’avoir fait comme tu le dit si bien).
      Le plus dur est de passer de l’un à l’autre, de changer et de s’adapter à la nouvelle vie. Cela va venir en douceur et effectivement on ne sait pas où cette route va nous conduire.

  3. Coucou Typhanya, je ne crois pas qu’il y ait des échecs dans la vie, il y a des tentatives qui murissent et qui peuvent s’éteindre parce que ce n’est pas le bon moment, parce que les personnes ne sont pas sur la même longueur d’onde!

    Mais toute tentative est tellement enrichissante, que c’est en cela que ce ne sont pas des échecs. En 2 ans tu as pu mieux appréhender les difficultés d’une vie nomade en famille, et si vous retombez sur des aspirations communes de voyage, vous serez mieux armés de cet apprentissage! En 2 ans, tu peux arriver à trouver des clients fidèles pour ensuite les emmener dans tes bagages!

    En je suis bien d’accord la facilité c’est le voyage , le plus dur c’est de gérer une famille, les aspirations de chacun, les besoins d’une pepette qui grandit, les besoins affectifs, intellectuels et purement materiel qui mettent la pression sur le budget!

    Ne regrette rien et sois fière d’avoir tenté cette vie! Il vaut mieux avoir des remords que des regrets !

    1. Lorsque notre expatriation en Chine a été annulé, j’ai beaucoup regretté de mettre lancé dans tout ça. Aujourd’hui, je ne regrette rien, mais j’ai du mal à passer d’une étape à la suivante. A me retourner pour voir ce que j’ai fait, sans pincement au coeur. Je sais que ça va venir. Et ce billet avait aussi pour but à m’aider à accepter le changement en cours.
      En tout cas je suis très touchée par les messages de soutien que je reçois ici. Merci de prendre le temps de me laisser un mot si positif !

  4. Coucou miss!
    Pourquoi parler d’échec??? Votre vie nomade a été une tranche de vie, et il y a tous pleins d’autres tranches à dévorer avec un petit thé!! Ce n’est peut être aujourd’hui plus tout à fait dans vos projets pour les années à venir, mais la vie est longue. L’important est de vous trouver un nouvel équilibre à tous les 3, avec pour chacun une part de découvertes, de rêves… Allez, rappelle-toi tous les moments de découragement que nous avons vécus à Kyzyl Dobo, et malgré tout nous avons trouvé l’énergie de surmonter ce sentiment de n’être pas à notre place…plein de jolis projets pour vous!!!bises

    1. Je parle d’échec car je n’ai même pas eu l’impression d’avoir réussi à faire quoique ce soit au niveau mode de vie. Notre voyage était fantastique, ainsi que l’expérience, mais le mode de vie, nous n’avons fait que chercher sans rien trouver.
      Et Kyzyl Dobo fait partie de mes grandes fiertés, de mes grands accomplissements !

  5. Ça n’a pas marché comme prévu, ce fut plus dur que prévu malgré une volonté certaine (enfin, c’est l’impression que j’en ai en tout cas), mais est-ce vraiment un échec pour autant ? Évidemment, ça donne l’impression d’un rêve qui n’a pas vraiment complètement abouti, le réveil a sonné durant la nuit.
    Peut-être pas facile de réussir à positiver aujourd’hui, mais demain, tu auras peut-être (je te le souhaite), une vision plus enjouée de cette époque.
    Bonne chance et bonne continuation en tout cas !

    1. Merci beaucoup de ton soutien.
      Je pense que pour l’instant je n’ai aucun recul pour prendre la mesure de ce que j’ai fait, que ça va venir, mais que j’ai besoin de marcher encore un peu pour ça. J’aime la comparaison avec le rêve et le réveil. Car après tout, il y a des réveils très difficiles qui débouchent sur de très belles journées.

  6. Je suis triste de lire que tu prends ça comme un échec :/ J’ai eu l’impression (mais je me trompe peut-être) que c’était une expérience enrichissante. Ce n’est pas parce qu’elle s’arrête (provisoirement peut-être, qui sait ?) que c’est un échec.
    La vie de couple est compliquée. Parfois on croit avoir compris l’autre, aller dans la bonne direction et puis non… Alors il faut faire demi-tour, par amour.
    Ne pense pas à dans deux ans, prends la vie comme elle vient, les petits bonheurs du quotidien sont si précieux. A force de s’inquiéter pour son avenir, on passe à côté d’une partie de sa vie (je connais). Il ne faut pas.
    Et oui, chaque région de France est riche et belle. Il faut ouvrir les yeux, regarder les détails, les gens…
    Moi je te conseillerai de profiter de ta vie de sédentaire pour te faire un bon bagage professionnel afin d’avoir un CV avec de belles expériences qui te permettra de décrocher un poste plus facilement si vous décidez de repartir.
    Et oui, être parent, c’est difficile^^
    Courage !

    1. Merci de ton soutien et tes conseils. On va essayer de faire des 2 prochaines années, des années magnifiques, il doit bien y avoir un moyen. Après tout on peut prendre des trains directs pour aller en Belgique, en Allemagne, au Luxembourg et en Suisse. Il me suffit d’aller au supermarché pour être dépaysé…
      Et pour le boulot, j’ai quelques idées, reste à les concrétiser !

  7. A lire un livre très sympa sur un « tour du monde raté »…

    On lit souvent des récits de voyageurs et on est fasciné leur courage devant l’inconnu, la peur, le danger des routes malfamée ou de la faune sauvage. Mais sur le courage de renoncer, les témoignages ne sont pas légions… Je crois pourtant que ce sont ces voyageurs que j’admire le plus…

    http://www.zebouc.free.fr/afficher_livre.php?idLivre=1153

    http://www.abm.fr/la-vie-de-lassociation/ecrits-et-chuchotements/histoire-dun-tour-du-monde-rate.html

  8. Je suis tout à fait d’accords avec Laurent, chère Typhanya!

    Ce n’est pas un échec, juste une pause nécéssaire. Dans un couple, il faut quelque fois faire quelques des sacrifices. Il arrive que les rêves de l’un aille à l’encontre des envies de l’autre, et il faut arriver à un compromis. Comme tu l’as souligné, tu as découvert que ce mode de vie te plaisait et ça, c’est déjà un accomplissement, savoir ce qui nous convient dans la vie… et vous avez le temps. Cette période de pause peut aussi te servir à réaliser de nouveaux objectifs, à être créative avec la situation donnée. C’est une nouvelle aventure qui commence, en somme. Juste différente.

    1. C’est ce que j’essaye de garder en tête, une nouvelle aventure, pas prévue, mais une aventure quand même.
      Merci de ton soutien.

  9. C’est clair que tout plaquer pour tout recommencer ce n’est jamais facile, notamment quand on n’a pas nécessairement les mêmes envies et les mêmes attentes, au sein du couple. Mais y-a-t-il vraiment un échec dans la vie? Chaque expérience permet d’apprendre un peu plus et c’est le charme des choses de la vie 😀

    1. Apprendre chaque jour un peu plus… c’est vrai qu’on s’ennuierait sans ça; Mais j’aime bien apprendre dans la tranquillité !

  10. On ne se connaît pas mais ton billet m’a touchée. Je comprends ta déception. Tu as sûrement mis beaucoup d’énergie pour changer de vie. Dans quelques temps, tu verras sûrement cette expérience avec d’autres yeux! Essaie de valoriser tes efforts et tous les apprentissages que tu as faits. Souvent, dans la vie, on a des problèmes de timing, comme si nos projets enthousiasmants ne pouvaient pas se réaliser maintenant pour de nombreuses raisons; et un jour, tout se met en place beaucoup plus facilement! Continue d’avancer et de construire une vie qui te ressemble le plus possible! Rien n’est perdu! Courage!

    1. Bienvenue ici et merci de ton soutien.
      Peut-être une question de timing, je n’avais pas réfléchi à ça sous cette angle, pourquoi pas.

  11. Pas d’échec, tout change, tout est impermanence, avec un début et une fin ! Le passé n’est plus, le futur n’est pas encore. Ici et maintenant, c’est ce que tu fais maintenant qui compte, qui est vrai, que tu ressens ! On vit trop souvent dans un futur incertain, espéré… en laissant échapper le moment présent, le bonheur d’être en bonne santé, d’être entouré de nos proches… Pour moi qui adore voyager et qui doit faire une croix sur l’étranger pendant au moins deux ans, si tout se passe bien, c’est encore différent. Mais je voyage au quotidien autrement, rien qu’en regardant différemment, les enfants c’est génial pour ça, cette capacité d’émerveillement, d’imagination… L’essentiel c’est maintenant, le seul moment qui EST vraiment et que l’on peut réellement apprécier ! Pareil pour le rêve d’avenir, c’est maintenant que tu ressens le positif du rêve, pas dans un an… Rêver et vivre les sensations positives du rêve au moment du rêve. Même si le rêve se réalise, un autre rêve prendra le relais. Pourquoi pas maintenant ?
    Toujours facile à dire 🙂 pas toujours facile à appliquer !
    Ça faisait un moment que je n’étais pas revenu te lire, j’ai du retard !!! A+ et bon courage 🙂
    Xavier

    1. Merci de ton message.
      Les enfants aident vraiment à être dans le maintenant, les yeux grands ouverts, c’est vraiment appréciable et stimulant au quotidien. j’aime beaucoup ça.

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