La satisfaction de savoir et donc de pouvoir communiquer.
Début octobre, mon apprentissage du japonais a perdu de son élan en découvrant que le cours que je souhaitais suivre ne m’allait pas du tout. Mais les langues étrangères sont exigeantes, demandent que l’on pense à elles tous les jours, sinon boudent et s’éloignent de nous, ne nous laissant qu’un vague espoir de réconciliation après de nombreux efforts.
Heureusement par le biais d’un stage de deux mois que je viens de terminer (comme prof), c’est le japonais qui est venu vers moi. Mes élèves étaient tous des adultes d’origine chinoise, coréenne et japonaise possédant des niveaux en français bien supérieurs à mon niveau de japonais. Tandis que j’ai adoré enseigner le français dans le quartier de l’Opéra à Paris (enfin, après une semaine de stage j’ai essayé d’ignorer le quartier pour ne pas finir totalement ruinée), j’ai fantasmé devant ces polyglottes qui ne voyaient en moi qu’une source de savoir, quand je ne voyais en eux qu’une source de jalousie.
Celui-ci s’excuse de son français, explique qu’il n’a pas le temps d’étudier car il est coréen mais travaille dans un restaurant japonais et donc ne parle que japonais en dehors de l’école… Celle-ci qui est chinoise, parle un anglais parfait et un français vraiment pas mal. Mais les autres professeurs étaient aussi assez impressionnants, parlant vietnamien, ou japonais, ou …
Alors bien sûr en classe, je ne parle que français, accompagné d’une bonne dose de dessins et d’imitations pas toujours des plus convaincantes. Mais autours de la machine à café ou lors d’une des visites que j’ai guidé, le lien entre prof/élève évolue, le but est de communiquer, de se comprendre. Et pour reprendre les mots d’une autre stagiaire, au sens mélodramatique fort, utiliser l’anglais ou le japonais, « ça peut vous sauver une vie ». Alors ici et là, toujours en pointillé, ma mémoire a été soumise à un dur exercice, celui de retrouver des mots, des bribes de phrases en japonais, pour effacer l’interrogation et poursuivre la discussion.
C’est ma façon de concevoir les langues étrangères, au contact des autres. Ici à Paris, le contact direct, l’échange avec la langue japonaise, mais aussi ces autres langues que j’ai apprises et qui s’effacent petit à petit (allemand, italien, swahili), me manquent. Il n’y a que l’anglais que j’entretiens, et encore, pas assez à mon goût.
Je me demande également comment introduire ma fille, du haut de ses 1 an, à ce monde de langues étrangères, à toutes ces sonorités chantantes. Je n’ai pas encore de solution, pas de vrai projet pour la poursuite de mon apprentissage, mais malgré tout, je continuerai à vous proposer régulièrement mes réflexions sur les langues, mes découvertes, mes rencontres.
Je serais ravie (car intarissable et curieuse sur le sujet), de connaître votre avis, vos occasions de parler dans une autre langue que celle du quotidien.