Lorsque j’étais au lycée, j’avais pour meilleure copine une alsacienne pour qui la St Nicolas, qui se fête le 6 décembre, était un moment sacré, un événement à fêter en famille, avec distribution de cadeaux pour les enfants. Cela me semblait relativement anecdotique, comme le barbecue de Noël en Australie.
Sauf qu’il m’aura fallu tout de même 4 ans en Alsace pour mesurer toute l’importance de la St Nicolas et tout ce qui dépasse la distribution de cadeau.
St Nicolas et son acolyte
Hors période Covid, la St Nicolas se célèbre avec une procession d’enfants, suivant ou précédant St Nicolas et Hans Trapp. Les deux distribuent généreusement des bonbons aux enfants, mais l’un est vêtu de rouge avec une belle barbe blanche, tandis que l’autre est tout en marron avec une barbe noire broussailleuse. En général on croise également au moins un âne. Dans le nord de l’Alsace, défile également le Christkindel, mais je ne connais absolument pas cette légende et je ne l’ai jamais vu.
Le compagnon du St Nicolas est au choix nommé Hans Trapp (avec l’accent alsacien) ou Père Fouettard. Enfin ça c’est ce que dit Wikipedia. Car concrètement dans les villages où nous avons célébré la St Nicolas, tout le monde ne parle que de Hans Trapp. C’est « un peu comme le Père Fouettard », mais ce n’est pas la même personne.
De ce que j’ai appris (et surtout n’hésitez pas à me contredire ou à compléter), dans le sud de l’Alsace, Hans Trapp est un homme des bois. Il est assez sauvage, il ne parle que l’alsacien, il est brusque et surtout il emporte les enfants méchants. Ainsi il a toujours avec lui un grand sac (pour y glisser un enfant pas sage).
J’ai vraiment été surprise de voir que lors des fêtes de la St Nicolas, les deux compères sont tout le temps présents et pas seulement le gentil St Nicolas.
St Nicolas en pain d’épice

Nine a la chance d’avoir une arrière grand-mère alsacienne et donc grâce à elle nous avons découvert l’une des bases de la St Nicolas. Tous les ans, Nine reçoit un St Nicolas en pain d’épice. C’est une tradition qui me surprend car l’idée est quand même de dévorer St Nicolas. Il y a un côté anthropophage qui me perturbe pas mal, au même titre que le petit Jésus en sucre de 2 cm de long que je recevais pour Pâques.
Concrètement il s’agit d’un pain d’épice sec et plat, de forme très vaguement humaine sur lequel est déposé l’image en papier de St Nicolas. D’autres motifs sont disponibles, aussi bien en décembre que toute l’année (Nine vous avait proposé un article sur le pain d’épice pour en savoir plus). Mais les personnages à manger sont quand même très très nombreux.
Le manela, brioche du 6 décembre
Avoir un St Nicolas en pain d’épice le 6 décembre exactement est déjà un bon indice sur notre intégration alsacienne, mais le pas supplémentaire a été franchi à partir du moment où notre esprit a décrété qu’il était interdit de manger des manela avant le 6 décembre.
La nourriture et les traditions sont deux choses qui semblent sacrées. Toutefois si nous n’avons aucun mal à suivre cette règle, c’est qu’en Alsace les festivités commencent lors du vrai 1er jour de l’Avent. Et ce jour-là ne tombe pas le 1er décembre mais le 4e dimanche avant Noël. Je ne sais pas vous, mais moi ça me donne l’impression d’avoir du rab’ de Noël, juste parce que j’habite dans la bonne région.
Bref, revenons à notre brioche.

Le manela ou mannele (la position des A et des E, ainsi que le nombre de L et de N varient suivant bien trop de paramètres pour que cela vaille le coup de s’y attarder) est une brioche en forme de petit bonhomme (ce qui est la traduction exacte de manela, si j’ai bien suivi). Sauf que ce petit bonhomme est… St Nicolas, qui encore une fois se fait dévorer avec plaisir.
N’est-ce pas bizarre de manger si souvent ce saint qui a sauvé des enfants qu’un charcutier avait découpé et mis dans des tonneaux de salaison. Car quelque part, cela veut dire que Nicolas est devenu un saint en empêchant des enfants de se faire manger. Et en remerciement, tout le monde passe la journée à le manger, parfois même à plusieurs reprises…
La brioche peut être choisie nature, avec des pépites de chocolat ou même avec du sucre aux épices (ce dernier est une spécialité de chez Poulaillon, la chaîne de boulangeries alsaciennes). Il est bien sûr possible de le faire soi-même.
La bonne nouvelle est que si on doit attendre le 6 décembre pour en manger, on ne vous dira rien si vous continuer d’en manger jusqu’au 26 décembre (oui, on a aussi un jour en plus après Noël).
Le goûter – dîner sucré de la St Nicolas
J’avais très régulièrement lu que pour la St Nicolas, on fait un gros goûter en famille avec des mannela à profusion et du chocolat chaud pour tous. Ce que les articles ne disent pas, c’est que ce n’est pas un goûter ordinaire.
L’année dernière nous avons eu la chance d’être invitée à cette soirée de la St Nicolas par des amis. C’était agréable de le vivre ainsi, car je dois dire que sans, j’aurai mis en doute la parole de mes interlocuteurs. Sauf que depuis d’autres amis alsaciens m’ont confirmé qu’ils le célèbrent eux-aussi ainsi.
Concrètement on passe la fin de journée à manger des manela et à boire du chocolat chaud. Si c’est un goûter également pris par des adultes, c’est qu’en réalité ce goûter remplace le dîner. J’étais ravie de voir que des clémentines étaient également sur la table, car je n’ai plus l’habitude d’une telle quantité de sucre (l’ai-je jamais eu d’ailleurs, cette habitude…). On envisage de renouveler ce dîner cette année, mais d’inclure également un plateau de fromage.
C’est surtout l’occasion d’allumer des bougies, de dresser une belle table, de passer du temps ensemble et de philosopher sur la meilleure façon de dévorer les manela.
D’ailleurs, vous ferriez quoi : commenceriez-vous par les jambes ou par la tête ?
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Les jambes, la tête puis les bras ! 🙂
Je crois que tu es la première personne qui me dit finir par les bras. XD
Bras > tête > jambe ^^ un classique