Cela faisait une semaine qu’il faisait chaud. Une semaine que les températures siciliennes en début d’après-midi avoisinaient les 25°C. Et depuis quelques jours, ma fille faisait semblant de manger des glaces. Sans lien probable avec la météo, c’était surtout une conséquence de l’achat de ballons de baudruches miniatures à peine plus gros qu’un cornet glacé acheté sur Paris.
Alors un après-midi en fin de semaine, en franchissant le seuil de notre appartement, je lui ai promis de lui acheter une vraie glace.
Une parole vite dite pour l’inciter à sortir et me suivre dans ma découverte d’un quartier précis de la ville. Et puis nous sommes en Italie, donc trouver une glace ne devrait pas être si dur.
En route mauvaise troupe. Vive les expéditions, surtout quand mon itinéraire du jour débouche finalement sur un sentier piéton pour rejoindre le belvédère surplombant la ville de Castellammare del Golfo. Il fait beau, personne ne nous attend, personne ne sait où nous sommes. Un pas devant l’autre nous montons avec plaisir et enthousiasme. Une pause pour saluer un chien et sa maîtresse. Une tentative pour faire sortir un escargot de sa coquille. Un gâteau dévoré les yeux posés sur une sauterelle. Un rapide ciao à la madonna della via.
Une vingtaine de mètres avant l’arrivée, Nine abandonne et se retrouve dans mes bras. La tentation est forte de faire demi-tour quand on ne sait pas qu’il ne reste que vingt mètres. Personne ne sait que nous sommes là, je serai la seule à connaître cet abandon. Mais l’idée de quitter la ville sans un dernier regard en hauteur, me pousse en avant. Le vent rugit autour de nous. Sa force effraie Nine qui préfère rester sagement collée à moi.
Et puis il faut redescendre, déjà, enfin, je ne sais pas trop. Il y a trop de vent pour rester plus longtemps que les minutes nécessaires pour prendre quelques photos. Et se taire, un peu, face à la mer, face à la ville, face à la Sicile.
Je me sens mulet à porter ma fille sur mes épaules. A chaque pas, je me rends compte qu’à mon rythme, cette balade est relativement insignifiante. Déjà nous retrouvons la route et avec elle les premières maisons. J’essaye de motiver Nine à marcher un peu en l’invitant à se rappeler de sa demande avant de partir. Elle voulait absolument voir un spectacle sur l’ordinateur, comprendre Rhapsody in Blues, issu du drama Nodame Cantabile. Mais les enfants ont l’esprit qui s’accrochent aux promesses avec une logique supérieure à ma mémoire : d’abord la glace.
Idée stupide, une glace, juste pour gagner deux minutes en quittant la maison de façon plus efficace. Car si tous les cafés de Cefalu offraient des glaces aux passants en janvier, c’était en raison de son attrait touristique tout au long de l’année. Mais ici à Castellammare, en février, personne n’a de glaces ! Enfin presque, car nous trouvons une glace au citron, sous emballage plastique, dans un petit café qui ne paye pas de mine. 1,20€ de bonheur et de silence, de marche tranquille et de pause sur notre canapé.
Le lendemain, nous avons repris nos vélos, pour prendre un café à Alcamo Marina, 7km d’effort pour un autre café, tout aussi sicilien que nous sommes des touristes. Nous avons nos habitudes, deux cappuccino et en fonction de l’heure un gâteau pour la bimba.
En entrant mon regard a été attiré par une série de couleurs pastels derrière la vitrine. Peu importe que nous soyons encore en février, les glaces, les vrais, les italiennes, étaient en vente !
Miam! ça met l’eau à la bouche tout ça! Ici aussi, il fait un temps à glaces: hier, j’étais en pull dans la rue, même pas de manteau et aujourd’hui franc soleil également!
J’espère que ce beau temps français va durer car nous allons nous promener en France et appréhendons un peu de perdre notre vingtaine de degré chaque après-midi…