Je vous l’avais annoncé lors de notre non-rentrée 2019, cette année Nine a choisi de découvrir le monde en prenant appui sur des romans. Notre deuxième lecture était l’incroyable roman Calpurnia de Jacqueline Kelly. Pour moi ce fut un véritable coup de cœur et Nine a également énormément apprécié. Malgré ses 495 pages, nous l’avons lu rapidement, car nous avions hâte de connaître la suite.
Pour information, je l’ai lu à voix haute, Nine avait tout juste 8 ans. Une amie l’a lu à sa fille de 6 ans. Par contre, la densité des paragraphes et le vocabulaire naturaliste peuvent intimider un jeune lecteur, donc en lecture autonome, il faut peut-être attendre que l’enfant ait 10-12 ans.
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Présentation et avis sur Calpurnia
Calpurnia Virginia Tate a 11 ans quand débute le récit dont elle est la narratrice. Elle vit au Texas, avec ses six frères, ses parents, son grand-père et quelques domestiques. Elle est curieuse et maline, elle joue du piano, déteste le tricot, sait faire preuve d’une grande patience et surtout elle commence à se questionner sur le monde qui l’entoure et sur son fonctionnement.
Cela commence lorsque les hommes se coupent tous les cheveux et la barbe, à la recherche d’un peu de fraîcheur au cœur de l’été. Elle aimerait en faire autant avec ses cheveux épais, mais sa mère le lui interdit strictement. Dans le même temps, sa mère entreprend de faire d’elle une demoiselle accomplit, insistant plus fortement sur la pratique du tricot et celle du piano.
Le même été, Calpurnia se rapproche de son grand-père qui semble être le seul à trouver intéressant ses observations sur la faune qui l’entoure, y compris les sauterelles dans les herbes folles.
Le récit se déroule sur six mois environ, nous faisant délicatement passer de l’été au premier matin de janvier 1900. On suit la vie quotidienne de Calpurnia, les travaux des champs de coton, la tenue de la foire (et la présentation des travaux de couture et des plus beaux bestiaux), Thanksgiving, la première romance de son frère aîné, l’arrivée du téléphone en ville…
Dans le même temps, Calpurnia découvre une autre façon de concevoir le monde : via une approche scientifique. Elle apprend à avoir elle-même une démarche scientifique (noter, tester, comparer, etc), à persévérer, à faire des déductions. Elle s’interroge sur la possibilité d’être une chercheuse quand on est une femme. Et elle passe beaucoup de temps avec son grand-père.
Il n’y a pas d’actions, d’héroïsme ou de grandeur dans ce roman. Il y a beaucoup d’amour au sein d’une famille, de l’envie d’indépendance, des pensées féministes, des sciences naissantes, du calme, de l’impatience, du ragtime et des tonnes de noix de pécan.
Calpurnia, Charles Darwin et la théorie de l’évolution
Nous avions rapidement abordé les travaux de Darwin avec le roman Reine du fleuve, cette fois-ci nous avons vraiment pris le temps de rencontrer l’homme et ses recherches. C’est en effet grâce à lui que Calpurnia va oser discuter véritablement avec son grand-père.
Pour faire simple (et pas cher), je vous conseille le petit livre L’incroyable destin de Charles Darwin et la théorie de l’évolution. Il propose une présentation simple, avec des chapitres courts et des informations précises. Tout est fait pour que les enfants dès 7-8 ans puissent le lire seul. Il s’agit d’une biographie qui remet l’homme dans son contexte et qui présente sa vie dans sa globalité.
Puisque Nine était totalement passionnée par le sujet, j’ai également acheté Sur l’Origine des espèces de Charles Darwin par Sabina Radeva. Il s’agit d’un magnifique album (voir l’extrait ci-dessous) qui explique la théorie de Darwin, avec des extraits de son texte, des schémas et des explications particulièrement claires. Si c’était à refaire, je n’achèterai que ce livre-là.
Nous ne sommes pas vraiment allées plus loin, car le récit Calpurnia explique déjà beaucoup de choses sur le travail de Darwin. De plus, nous avions déjà eu l’occasion de parler de lui dans chaque muséum visité (et en particulier dans le muséum de Dijon).
La seule chose que j’ai demandé à Nine, qui a été incluse dans son lapbook sur Calpurnia, a été de faire une mini fiche d’identité sur Charles Darwin. Pour cela, elle a consulté la page Vikidia du scientifique en toute autonomie.
Le Texas et la Guerre de Sécession
Il y a deux ans, nous avions effectué de nombreuses recherches et activités sur les États-Unis. Nous avons donc ressorti le livret qu’elle avait constitué pour localiser le Texas. Il se trouve qu’à l’époque elle avait reçu plusieurs cartes postales, dont une avec le drapeau du Texas et une autre avec les symboles de l’état.
Nous avons complété avec cette vidéo qui présente 14 lieux touristiques au Texas. Cela permet de se faire une idée de la diversité présente dans le deuxième plus grand état des États-Unis.
Le passé esclavagiste du sud des États-Unis est très présent en arrière-plan du roman. Ainsi Calpurnia est choquée de voir qu’en tant que fille mais surtout blanche, elle n’a pas intérêt à essayer de couper du coton. Cela passe aussi dans les différentes dépendances autour de la propriété, les rapports différents selon les domestiques, etc. C’est discret et on peut faire mine de rien. Mais le sujet me semble important, donc nous en avons discuté à plusieurs reprises.
Là où nous avons pris le temps de creuser le sujet, c’est sur la Guerre de Sécession à laquelle le grand-père de Calpurnia a participé. Nous avons donc réalisé une frise chronologique sur laquelle nous avons commencé par placer la Guerre de Sécession et la date du début du roman. Puis nous avons ajouté la Première Guerre Mondiale, la naissance de Darwin, l’abolition de l’esclavage, le droit de vote des femmes.
Pour cela nous avons construit une frise à deux étages. En haut figurent les dates pour les États-Unis et en bas celles pour l’Europe. C’est important car certaines guerres n’ont pas débuté au même moment pour tout le monde.
En cherchant une vidéo accessible pour les enfants sur la Guerre de Sécession, j’ai trouvé celle-ci qui présente la bataille de Cherbourg, en France. Cet évènement historique est assez épique et ne représente absolument pas la réalité de cette guerre. Toutefois, puisque cela se déroule le long des côtes normandes, cela ajoute de l’intérêt à l’ensemble.
Les grandes découvertes scientifiques du XIXe siècle
Au fil du roman, l’héroïne Calpurnia voit le téléphone arriver dans sa ville et s’assoie dans une automobile, une invention absolument incroyable à l’époque. La vapeur semble considérée par tous comme le progrès ultime, tandis que l’électricité tente de se frayer un chemin dans la société.
C’est une époque de grands tournants absolument captivante.
Si cette époque vous intéresse, je dois dire que je n’ai pas trouvé de ressources véritablement enthousiasmantes. Alors pour une fois, j’ai acheté un manuel, Le XIXe siècle – cycle 3 (en général je préfère les beaux livres documentaires). Il est bien fait car assez complet, juste (dixit mon amoureux historien-archéologue) et pas totalement centré sur la France. Il y a beaucoup de documents visuels variés et je n’hésiterai pas à acheter un autre tome de la série si un thème intéresse Nine.
Puis nous nous sommes lancées dans la création d’un jeu de cartes, totalement inspiré du timeline mais avec des découvertes scientifiques. La création en elle-même était très intéressante et s’est étalée sur plusieurs jours.
Nine a du dresser une liste de découvertes scientifiques et de personnalités scientifiques du XIXe siècle. Pour chacun, elle a cherché sur wikipédia la date et enregistré une image. Puis ensemble nous avons enrichi le jeu pour le rendre « jouable ». C’est à dire que nous avons sélectionné naissance de C. Darwin et Publication de L’origine des espères mais aussi Premier homme sur la Lune et Première imprimerie. Cela permet d’avoir des cartes plus faciles à placer et de pimenter les parties d’une fois sur l’autre.
J’ai ensuite créé une trame sur LibreOffice Impress, c’est à dire le contour des cartes et des zones de texte sur chacune d’elle. Elle s’est chargée d’intégrer toutes les images sur les cartes et a reçu un peu d’aide pour le texte. Attention, il faut prévoir un verso avec Image + Texte + Date et un recto identique quoique sans la date.
Nous avons terminé avec du découpage et de l’assemblage de cartes. Depuis nous avons fait de nombreuses parties, surtout que le jeu tient dans mon sac à main sans difficulté.
Scott Joplin et le ragtime
Le piano semble indispensable à l’éducation d’une demoiselle de la haute société texane en 1899 et Calpurnia ne peut y échapper. Elle suit des cours et elle doit s’entraîner régulièrement. Elle n’aime pas les morceaux qui lui sont imposés par son professeur, ni ceux que ses parents aiment le plus.
Par contre elle adore jouer The maple leaf rag de Scott Joplin, un morceau que je ne connaissais pas du tout. L’avantage du smartphone est qu’il est à peine utile d’interrompre sa lecture pour mettre en route la bande son qui va avec le chapitre en cours.
Le ragtime a été un véritable coup de cœur pour Nine et pour moi. Comme les frères de Calpurnia, nous profitons de cette musique pour danser à faire trembler les tableaux sur les murs.
Et surtout, Nine a entrepris d’apprendre un extrait d’un morceau de Scott Joplin à la contrebasse. C’était assez ardu mais elle travaille maintenant sur une méthode ne proposant que du ragtime et du boogie, adaptée à son niveau.
La noix de pécan et les autres livres Calpurnia
La noix de pécan est au centre d’un projet personnel développé par le grand-père. Je vous laisse le plaisir de le découvrir dans le roman. Pour nous, c’était l’occasion de cuisiner une tarte au noix de pécan et au sirop d’érable. Après tout, Nine n’avait jamais mangé de noix de pécan de sa vie…
Le roman Calpurnia a rencontré un tel succès auprès du grand public qu’aujourd’hui il existe des petits récits pour les plus jeunes lecteurs : Calpurnia, apprentie vétérinaire.
Nous avons les deux premiers que Nine a lu seule (j’ai lu aussi de mon côté le tome 1 et c’est léger et plaisant).
Il y a aussi un tome 2, Calpurnia et Travis, que nous n’avons pas lu. Enfin on peut découvrir le récit à travers la BD Calpurnia. Je ne l’ai pas lue car je n’aime pas du tout les traits du grand-père. J’avoue aussi que je trouve que ça commence à faire beaucoup autour d’un seul livre et je ne vois par l’intérêt de tout transformer en bande dessinée.
Pour conclure, je vous laisse une photo du lapbook sur Calpurnia que Nine a construit. La lecture suivante, que nous avons déjà finie (j’ai un peu de retard sur le blog par rapport à notre quotidien), est une biographie de Marie Curie. Pour l’occasion nous avons séjourné à Paris, sur les pas de Marie Curie et nous avons visité le Musée Curie.
Je trouve ça tellement génial toute cette créativité et curiosité autour d’un roman. Personnellement, j’ai toujours été fan des romans « sur fond historique ». Pas forcément des biographies, mais plutôt des histoires qui me font voyager dans le temps et l’espace et me permettent de découvrir le monde. Je rêve de faire ce genre de démarche avec Manea quand il sera plus grand ❤️ Merci pour ces partages inspirants (je suis bien tentée de lire ce livre également ! )
Merci pour ton message.
Et je te conseille vraiment ce roman, il est fantastique sans limite d’âge !
merci pour votre partage très enrichissant autour de l’œuvre de Calpurnia, nous entamons la lecture avec mes enfants
et je trouve l’idée des cartes extra !!!!
pouvons nous les acheter auprès de vous ?
merci
Bonjour,
Ici j’ai à coeur de proposer mes idées et supports gratuitement pour qu’un maximum de personne puisse les utiliser sans hésiter sur a pertinence de l’achat. D’un autre côté, afin de continuer à prendre le temps d’écrire et publier, j’ai maintenant un compte pour que ceux qui le peuvent et le souhaitent me soutiennent : me soutenir ici.
Je n’avais pas forcément envisagé de proposer mes cartes, car l’intérêt chez nous a surtout été la démarche pour les fabriquer.
Cependant, je peux les envoyer par mail. Il suffit de me contacter via le formulaire de contact.AJOUT : je n’envoie plus le fichier. Je l’ai beaucoup fait, je n’ai jamais eu de remerciements, ni de réponse sur la réception du fichier. Je reste dans l’idée initiale que l’intérêt est de le créer soi-même, sinon autant acheter un jeu tout fait comme timeline
Bonjour
Vous devriez retirer le message où vous proposez d’envoyer les cartes par mail. Ça éviterait qu’on vous contacte pour rien!
Merci, je pensais l’avoir fait, je n’avais pas pensé au commentaire déposé il y a longtemps.
J’ai beaucoup envoyé le fichier, sans jamais recevoir un seul merci. Du coup, j’ai choisi d’arrêter, de toute façon l’intérêt pédagogique est dans le fait de le faire soi-même, sinon il en existe en magasin pour pas cher du tout !
Un grand merci pour nous avoir inspiré !!
Je me prends parfois tellement la tête que je suis ravie de partager avec l’espoir de faire gagner du temps à d’autres parents. AInsi j’ai l’impression que le temps que j’y ai passé valait le coup ^^’