Et si on allait une journée à St Nazaire ? Et si après avoir traversé la France d’est en ouest, on grimpait dans un dernier train pour faire face à l’océan ? Mais St Nazaire, vraiment ? Et pourquoi pas ? Y a quoi à faire à St Nazaire, à part la plage ?
Je ne pourrais vous dire pourquoi je voulais passer une journée entière à St Nazaire. Probablement car je savais que le train y va, que c’est un nom que je connaissais sans avoir d’images à associer, pour voir si l’océan est toujours là et croiser des bateaux.
Cet été 2019, nous sommes allés à trois, en famille, à St Nazaire. C’était probablement notre meilleure journée, car inattendue, colorée, sensible et gourmande.
Mention spéciale :
En planifiant notre journée, nous avons débattu des visites possibles. Petit budget signifie peu de visites payantes et il y avait débat, houleux et compliqué. Nous avions des goûts en désaccord. Je contacte peu les offices de tourisme, car cela demande d’anticiper le voyage puis cela m’oblige à publier un article vite et je suis toujours embarrassée si au final on passe une mauvaise journée. Ici, c’était ma solution pour essayer de contenter tout le monde. Et puis qui ne tente rien n’a rien.
Finalement j’ai reçu un pass pour visiter 4 sites (un pour moi et un pour Nine) et nous avons acheté le pass de mon amoureux (soit sensiblement le prix que nous aurions mis pour nous trois à visiter un seul musée). Du coup, nous avons visité les 4 sites inclus, nous n’avons pas tout aimé, mais peu importe, ce n’était pas le but premier. De votre côté, vous avez eu pour une fois les photos rapidement sur les réseaux sociaux et un article relativement rapidement, mais également tout aussi personnel que ce que je fais d’habitude.
Les adresses gourmandes sont également issues d’une sélection de l’office de tourisme de St Nazaire. J’ai reçu une petite dizaine d’adresses, internet m’a aidé à n’en retenir plus que deux, nous correspondant. Ça je le fais toujours, car cela permet d’aller directement au bon endroit ou du moins d’essayer.
Embarquement immédiat pour le Nouveau Monde – Escal’Atlantique
Si vous ne devez visiter qu’un seul site à St Nazaire, c’est celui-ci.
Si vous rêvez de cette époque révolue où l’on passait plusieurs jours en mer, vous devez aller jusqu’à l’Escal’Atlantique de St Nazaire.
L’entrée du musée (mais est-ce vraiment un musée…) se fait par une passerelle. Autour de nous se trouve la base sous-marine secrète construite par les Allemands pendant la Seconde Guerre Mondiale. Mais la passerelle évoque bien celle qui nous conduirait sur un bateau. La porte est franchie, on change d’époque. Le décor est très classieux, nous sommes dans un salon d’embarquement, nous sommes à bord.
Nous déambulons dans les couloirs, entrons dans des chambres plus ou moins luxueuses. Sur le pont la nuit est belle mais venteuse, des icebergs dérivent au loin, on peut s’allonger pour lire le journal ou jouer à une sorte de marelles. Puis un peu plus loin, nous entrons dans la salle des machines, identifiant le lieu avant tout par le bruit et la chaleur qui nous étouffent. Nine transmet vite les commandes venant du commandant. Puis nous arrivons dans les grandes salles occupées par les rêveurs, ces migrants de toute l’Europe partis se construire une nouvelle vie en Amérique du Nord. C’était passionnant car, alors que je pensais bien connaître le sujet, j’ai beaucoup appris.
Et bien sûr, quand après toutes ces aventures, nous sommes arrivés dans le café, reproduction du salon 1ere classe qui se trouvait sur le paquebot le France, nous avons pris place, savourant des cookies et un café (vu le prix et le goût, vous auriez tord de vous priver).
Au fur et à mesure de la visite, des écrans tactiles permettent de visionner des vidéos ou des photos provenant de paquebots pour voir l’ambiance et surtout les objets en contexte. Nous avons pris beaucoup de plaisir à vérifier quelle tenue nous aurions dû porter en fonction des animations proposées. Au final nous avons passé 3h sur place (heureusement que nous avons commencé par ça). Et la sortie… la sortie est juste admirablement bien faite, poussant le soucis du détail jusqu’au bout (mais non, je ne vous dirai rien).
Immersion en toute discrétion – l’Espadon
Les années 1960 ont marqué la fin de l’aventure des paquebots et la fabrication du sous-marin l’Espadon, installé à 10 minutes à pied d’Escal’Atlantic.
L’embarquement se fait dans l’écluse fortifiée, dans une ambiance plus feutrée, plus sombre. C’est un véritable sous-marin, l’espace y est limité, il est donc fort probable que vous aurez à attendre un peu avant d’y avoir accès. La visite se fait avec un audio guide.
L’Espadon est le premier sous-marin français transformé en musée. C’est également le premier sous-marin français à avoir navigué sous la banquise.
Il ne faut pas être claustrophobe. Et il faut bien se concentrer sur l’audioguide pour profiter de la visite au maximum. On ne peut pas vraiment flâner, car tous les autres visiteurs semblaient pressés de finir. Notre curiosité n’a pas été totalement satisfaite. Je ne regrette absolument pas cette visite, car je dois dire que je ne pensais pas que l’on était à ce point à l’étroit dans un sous-marin.
Nine était ravie car elle se souvenait encore de sa déception de ne pas avoir pu visiter le sous-marin présenté à Milan…
De l’art pour tous – street-art et bande dessinée
Saviez-vous que pour sauver le professeur Tournesol qui vient de se faire kidnapper, Tintin et le capitaine Haddock se rendent au port de St Nazaire. Mais attention, il s’agit du port d’avant guerre, quand les paquebots étaient nombreux et que les Allemands n’avaient pas encore investi les lieux.
Six panneaux présentent six vignettes directement extraites de la bande dessinée Les sept boules de cristal. Ils sont placés à l’endroit représenté dans la BD, même si le lieu n’existe plus vraiment.
C’était une première surprise sympathique, mais j’ai regretté de ne pas l’avoir su plus tôt, pour relire la bande dessinée de Tintin concernée.
L’autre belle surprise est qu’il y a dans la ville de nombreuses fresques de street-art gigantesques, majestueuses, en très bon état, par des artistes du monde entier. J’y ai découvert une nouvelle oeuvre de l’artiste chilien Inti que j’adore (le côté patchwork coloré me saisit systématiquement). Un plan est disponible à l’office de tourisme. Je n’ai pas pu tout voir car ce n’était pas le but de notre journée (mais étant la seule avec le plan en main, il est possible que nous n’ayons pas toujours pris le chemin le plus court pour aller d’un point A à un point B…).
Mon autre coup de cœur de la journée va au monument hommage à l’abolition de l’esclavage. Créé par un artiste réunionnais, il est à la fois un juste hommage, un élan vers le ciel et une reconnaissance du rôle des industries de l’estuaire de la Loire. Les bateaux, construits dans la région, partaient d’ici-même pour permettre la traite négrière. D’ailleurs, si le sujet vous intéresse, je vous conseille le château de Nantes qui consacre plusieurs salles sur ce commerce bien spécial. Pour Nine, c’était une introduction assez complète et juste.
Haltes gourmandes et haltes shopping
Je sais que c’est un cliché, mais après tout c’était notre journée de vacances, donc on a choisi de manger des crêpes avec vue sur la mer. Nous avons pris beaucoup de plaisir à manger nos crêpes chez Barapom. Elles sont servies dans un format à emporter et la note est très douce. C’était simple et bon. Juste en face, entre les premières vagues et l’esplanade, se trouvent une grande et belle aire de jeux pour enfants, testée et approuvée par Nine.
Pour le goûter, nous avons été chez Ka Coffee Shop, car j’avais été séduite par la démarche globale. C’est un établissement intégré dans le tissu local, qui accepte les cafés suspendus (on paye un café pour un futur client qui ne peut pas payer), fait attention à ses déchets, etc. Le carrot cake était délicieux bien que le cappuccino ait été moins à mon goût. L’adresse est totalement hors des rues qu’un touriste peut naturellement emprunter, mais elle nous a permis de passer du centre ville à la plage…
Côté shopping, j’ai voulu faire un tour chez Pas Que Beau, une boutique qui vend en priorité des artisans locaux. Tous les mois les produits changent plus ou moins. Il y a vraiment de tout. Moi, j’y allais pour la marque de produits de beauté Lisoti. J’ai aussi fait halte dans la librairie L’Embarcadère qui propose plein de belles choses sur le voyage ainsi que sur des choix de vie alternatifs. Et elle se trouve au cœur d’une place piétonne abritant les plus beaux jeux pour enfants que j’ai pu voir, construits en bois. Encore une fois, Nine a testé avec grand plaisir (et avec l’envie d’y rester plus longtemps).
En famille à St Nazaire pendant une journée…
Nous avons également visité le centre éolien et l’écomusée, deux sites qui sont à réserver à ceux qui veulent vraiment comprendre la ville, entre passé et projets d’avenir.
Côté plage, étant à pied depuis la gare, nous sommes allés au plus simple, au plus proche, et c’était parfait. Toutefois, des amis qui vivent dans la région vont toujours à la plage de Monsieur Hulot, à tester si vous avez une voiture (elle est à environ 8 km du cœur de St Nazaire). Par curiosité, j’ai fait un petit tour dans le jardin des plantes, petit, mignon mais finalement sans grand intérêt autre, je pense, que d’offrir un espace pour pique-niquer à l’ombre et sans sable dans son sandwich.
Par contre il faut prendre le temps d’aller du côté de la capitainerie et peut-être pourrez-vous faire une pause admirative devant le pont qui se soulève, puis saluer un navire qui prend le large (et rêver de monter dessus, à moins qu’il n’y ait que moi qui ait ce genre de rêve…).
On m’a dit « une journée à St Nazaire, à part la plage… ». On m’a aussi dit « une journée, ce n’est pas suffisant pour St Nazaire ». Je partage à présent la seconde opinion. J’ai envie d’y retourner, de marcher le long de la côté, d’y être en hiver, de voir toutes les fresques de street-art, de trouver le meilleur spot pour dessiner des bateaux. Ce n’est pas une ville sexy, ce n’est pas une ville tendance (du moins je ne crois pas) et je pense que la vie n’y est pas rose tous les jours. Elle me fait penser à Hakodate, cette ville portuaire du Japon qui, lors de notre séjour, était à la recherche d’un nouveau souffle économique, entre charme d’un passé révolu, dernier témoignage d’un changement d’époque et promesse d’un futur à construire.
Eh bien moi j’y ai passé un WE de 3 jours avec les enfants et en hiver ! et on a bcp aimé ! Y a moyen de faire une balade le long de la mer jusqu’à la plage de Mr Hulot et oui les aires de jeux pour enfants sont trop belles. En été ça doit être encore mieux, sinon il y a aussi les chantiers navals à visiter.
J’adore le bord de mer en hiver, du coup je suis sûre que ça me plairait aussi !