Aventure(s) dans la forêt de Mulhouse

L’aventure, ça me connaît. C’est simple, dès que je me perds, je me déclare en expédition ou en pleine aventure.
La forêt, ça me connaît moins. Pire, je suis vraiment hors de ma zone de confort car en bonne Européenne j’ai lu bien trop de contes pendant mon enfance. Je suis donc persuadée que dès que je serai perdue, le Grand Méchant Loup viendra me manger et que je ne retrouverai jamais mon chemin. Pire, si j’ai l’impression de m’en sortir ce sera pour rencontrer Baba Yaga.

En autre préambule, je dois signaler que j’adore marcher, que mon amoureux sait toujours où il est en forêt (de façon générale, pas sur le PLAN!) et que nous n’avons pas de voiture.

Pour le rendez-vous en France aussi sur le thème du « voyage à côté de la maison » (proposé par Ellye), j’avais envie de vous présenter un circuit accessible au départ de la gare de Mulhouse, en forêt, avec vue sur les Alpes et tumulus inclus. Mais je me suis perdue… ou le circuit était vraiment mal balisé. Ma balade vous donnera peut-être envie de faire la même, mais pour l’itinéraire précis, essayez de trouver une carte et de voir par vous même.

Entre les jolies maisons et les lamas

Sur le plan, le trajet de la gare à l’entrée de la forêt de Mulhouse (forêt du Waldeck ou du Tannenwald) semble rapide et facile. Ne vous y fiez pas, cela grimpe et l’expérience nous a appris à nous y rendre en douceur, en suivant le sentier de randonnée matérialisée par un triangle jaune. Il permet de passer entre de belles maisons, loin des voies prisées par les voitures, de longer le zoo et donc de saluer les lamas et les takins.

Dans le quartier du Rebberg - Mulhouse
On monte et on descend entre la gare et l’entrée de la forêt

Le trajet est ombragé et agréable. Il nous emmène directement en forêt où, juste après un point d’eau, se déroule devant nos yeux le sentier de balade du SIFAM (avec des équipements sportifs et des informations sur les arbres). C’est pourtant là que notre premier couac a eu lieu. Nous n’aurions pas du rester longtemps sur ce sentier, afin de rejoindre la boucle identifiée par des cercles rouges. Premier loupé, premières minutes de stress. Ma fille est ravie (elle adore les parcours de santé), mon amoureux ne voit pas le problème, le but est de marcher après tout.

Finalement bien plus loin, et par hasard, un cercle rouge apparaît et me rassure. Mieux, il y a un panneau complet pour savoir quelle direction prendre. Je repère le nom Zihlbrunnen, nom de la source juste à côté du tumulus que je souhaite aller voir. Après tout, si je marche pour mon plaisir, j’ai choisi cet itinéraire pour vous montrer un petit détail peu connu de Mulhouse, alors je ne veux pas le louper.

Forêt du Waldeck ou Tannenwald
Quand je pensais encore que mon programme était parfait.

Découvrir un champ et une cabane bétonnée

Brusquement la forêt s’ouvre sur… un champ. Il est totalement entouré par la forêt, mais il est bel et bien cultivé. Et tandis que nous devisons avec notre expérience de citadins sur la pertinence d’un champ en forêt, un panneau nous annonce sur la droite la Source du Zihlbrunnen. Vu le mal que j’ai eu à trouver le chemin jusque-là (et ayant en tête qu’au final nous risquons de marcher plus de 12 km et donc de ne jamais revenir), nous dévions.

La source est bien protégée. Deux bancs en métal se tiennent de chaque côté. L’eau semble rare, en tout cas la source est invisible : du béton la recouvre… La cabane devant nous m’évoque des toilettes mobiles. Seul le nom de la source sur la porte en métal nous garantit que nous sommes là où nous voulions être.

Alors nous retournons le long du champs. In petto (j’adore ce mot, mais j’ai rarement l’occasion de l’utiliser, là j’en profite), in petto donc, je commence à craindre ce que nous verrons du tumulus. J’imagine sans mal un tremplin pour motocross…

champ dans la forêt
Et soudain, un champ !
Source protégée en forêt
La source…

Sur le tumulus, un lucane

Le tumulus de Rixheim (car oui, nous avons quitté Mulhouse et bien que le prochain centre ville soit celui de Zimmersheim, on est dans une sorte d’enclave appartenant à Rixheim), le tumulus de Rixheim donc, a un diamètre de 30 mètres et une hauteur de 4 mètres (paraît-il, je n’ai pas mesuré). Il a été fouillé en 1858 par Auguste Stoeber et face au tumulus, je me dis que l’archéologue devait être un sacré amateur de balades en forêt pour avoir repéré quelque chose.
Un tumulus, deux tombes, un guerrier et une femme de l’âge du fer. Le contenu de ce tumulus se trouve aujourd’hui au musée historique de Mulhouse, lui-même situé dans l’ancien hôtel de ville.

En fait, sans la petite plaque annonçant que nous y sommes, je n’aurai rien vu. Nine grimpe directement à son sommet. Moi j’hésite, après tout c’était une tombe. Et puis flûte, aujourd’hui c’est une forêt, alors je la rejoins. Des rondins forment un banc. Des restes d’un feu occupent une partie du sommet. Et surtout, surtout, il y a un insecte énorme, mort et totalement visible et accessible. Après avoir vérifié qu’il était bien mort, Nine l’attrape avec plaisir et réfléchit déjà au meilleur moyen de le ramener en toute sécurité à la maison.
Après recherche la créature est un lucane cerf-volant mâle. Il est effectivement magnifique (surtout parce qu’il est mort) et bien plus gros que ce que j’ai en tête quand je pense « insecte ».

tumulus de Rixheim - Mulhouse
Sans ce panneau, impossible de le repérer le tumulus
Tumulus de Mulhouse
L’un des nombreux sentiers conduisant au sommet du tumulus
Lucane cerf volant mâle
N’est-il pas énorme pour un insecte ?

Nous redescendons tranquillement. Maintenant que nous avons vu le tumulus, que nous avons presque toujours trouvé notre chemin avec les cercles rouges (presque, sans plan nous n’arrivions pas au tumulus…), je suis convaincue que les mêmes cercles rouges nous ramèneront jusqu’à l’entrée du zoo.

Au loin, les Alpes

Une dernière halte est tout de même au programme de ma balade super bien organisée : voir les Alpes…

C’est le plan qui le dit, car en vrai, pour moi une montagne au loin est juste une montagne au loin. Le paysage est beau et calme, avec une église totalement alsacienne et les toits d’un village. Je crois qu’il est surtout beau car au loin ce sont les Alpes. Les mots et les idées enrichissent tellement notre univers. Enfin mon univers car Nine repère surtout des pucerons, une larve de coccinelle, une coccinelle et bien d’autres bestioles volantes non identifiées.

Nous croisons un père et son fils. Ils emmènent les doudous voir les Alpes. Le petit garçon commence par demander ce que sont les Alpes et se ravise en concluant « enfin c’est surtout beau quand même » avant de remonter sur son vélo.

Vue des Alpes à Mulhouse
Voir les Alpes depuis Mulhouse, ça me semble un peu surréaliste quand même
Peut-être les Alpes...
Au loin, là où l’appareil ne photographie pas, les Alpes !

Des promeneurs et des kilomètres en trop

Si le début de ce trajet « retour » s’annonce bien, très vite, nous sommes entourés de promeneurs. Les bureaux ont fermé, c’est l’heure de sortir le chien et de prendre l’air. La forêt de Mulhouse est un lieu très fréquenté. Nine fait un vol plané au sol. Les cercles rouges ne sont présents que de loin en loin. L’humeur général se dégrade.

Et là, c’est le drame. Nous arrivons au centre équestre.
Bon, ce n’est techniquement pas si dramatique que ça, mais nous ne sommes pas là où nous devrions être. Et surtout, autant la montée par l’ouest du zoo est agréable (car progressive), autant il est bien plus rapide de redescendre par l’est du zoo. Nous devrions être devant l’entée du zoo et donc avoir la sensation de bientôt être à la gare, à la maison, assis.

Il est vrai que depuis notre sortie, j’ai regardé le plan et mon impression d’avoir marché plus que prévu est peut-être fausse. Je n’en suis pas totalement certaine car je ne sais pas où nous sommes passés…

Sur le coup, je suis principalement en colère, car j’ai l’impression d’avoir été trahi par la signalétique du Club Vosgien qui est la seule chose qui me permet d’oser aller en pleine nature pour randonner (puisque mon sens de l’orientation et ma capacité à lire des cartes topologiques sont … limités). Nine a mal au torse suite à sa chute (et elle a eu très peur je crois).
Alors on marche en silence. Juste ce qu’il faut pour permettre à chacun de faire le point.

Et finalement on rentre, chez nous. Mon podomètre annonce 13,5 km.

J’ai vu un tumulus, les Alpes, le premier lucane de ma vie.
Enfin je n’ai plus mal partout (ce qui était le cas à chaque sortie depuis la fin du confinement). J’ai envie de recommencer jeudi prochain. Mais je n’ai pas le temps de le formuler que mon amoureux et ma fille m’annoncent que jeudi prochain, ils ont, heu, un truc.

23 commentaires Ajoutez les votres
  1. merci pr la balade
    hi hi je ne savais pas qu il y avait une forêt à Mulhouse
    j adore ce genre d aventure
    il m est aventuré récemment de m aventurer dans des coins de ma ville que je ne connaissais pas
    tu m aurais vu demander à une marcheuse mais ça mène à quoi par là bas
    looooooooool la fille qui n pas peur de voyager plusieurs fois seule en Asie ou Amérique du sud mais qui se pose des questions sur son coin des Yvelines

    1. Mulhouse est une ville vraiment surprenante. Alors bien sûr la forêt n’est pas immense, après tout il y a les Vosges juste à côté, mais c’est très agréable de pouvoir s’échapper ainsi.
      Et on a aussi la chance d’avoir plein de circuits de randonnées urbains, donc j’ai déjà fait des après-midi de marche en passant par des quartiers déserts mais à l’architecture magnifique.

    1. Oui, j’ai bien conscience de notre chance ici. Surtout qu’il y a également une ligne de train qui va de Mulhouse à Husseren-Wesserling et quasiment chaque gare sur le chemin (50min d’un train qui s’arrête partout) donne un accès direct aux Vosges !

  2. Quelle aventure ! Pas toujours facile ce genre de sortie, mais ça donne plein de bons souvenirs. Et la forêt, c’est toujours un endroit agréable pour peu qu’on prenne le temps de l’observer

    1. Oui, il y a toujours beaucoup à vivre et voir. Et dans cette forêt c’est ridicule de stresser car elle est toute petite (et j’ai un bon forfait mobile, une carte, la géolocalisation, etc), mais c’est plus fort que moi.

  3. Il est chouette cet article ! L’insecte beaucoup moins par contre 😀
    J’utilise depuis peu une app (All Trails) et elle référence votre balade comme 24 km. C’aurait pu être pire niveau kilomètres en trop!

    1. 24km ! Moi je me suis inspirée du circuit fainéant, avec parking à l’entrée de la forêt qui évoquait 6 ou 7 km je crois.

    1. Quand on vit entouré par des immeubles, la vue des Alpes est la plus belle du monde. ça faisait un bien fou d’être là !

  4. La forêt du Tannenwald est un de mes coins préférés à Mulhouse… parce que justement, c’est du bois ! 🙂
    As-tu fait le belvédère du Rebberg ? Une tour métallique impressionnante pour ceux qui n’ont pas peur du vertige (comme moi !). On n’y voit pas les Alpes mais la vue est superbe sur la ville, la plaine d’Alsace et les Vosges !

    1. Oui, j’aime beaucoup le belvédère. Là j’avais envie d’une nouvelle balade et surtout dès la fin du confinement le Waldeck et la forêt étaient ouverts alors que ce n’était pas le cas du parc associé au belvédère.

  5. Haha j’ai bien ri en lisant ton récit et je me suis reconnue dans le côté « citadine en goguette essayant de se repérer – mais en vain » ! Mais ça a l’air plutôt joli et c’est quand même chouette d’avoir la forêt à portée de main, ou de pied. Depuis le confinement c’est même devenu un rêve pour nous !

    1. Oui, nous avons de la chance. C’est une petite forêt, mais elle est belle, il y a de nombreux petits chemins et surtout elle est vraiment accessible quand est proche de la gare.

  6. Je me suis énormément marrée la plupart de ton article ; que de malchance et de petits pépins racontés avec beaucoup d’humour ^^ à la fin par contre on sent bien la lourdeur de la fin de balade, quand les pépins accumulés ruinent le moral…
    Nous aussi on s’est perdus. Hier. Dans la campagne de mon enfance, avec mes fils et ma mère on est partis sur un sentier que je n’avais jamais suivi. On s’est retrouvés dans le village d’à côté, mais au bout d’une route éloignée de tout le reste du village qu’on connaît ; du coup on a dû demander, fichtre, où on pouvait bien être tombés. Un enfant d’une dizaine nous a renseigné et conseillé un autre sentier perdu. On a fait confiance. On a eu raison, il nous a rapproché du hameau où on voulait retomber. Mais j’ai dû traverser un champ d’orties, 4 fois ; un aller avec un jumeau sur les épaules, un retour, un deuxième aller avec l’autre jumeau sur les épaules, et un autre retour xD On est rentrés fourbus, contents malgré tout parce que c’était l’aventure malgré l’inquiétude et la fatigue, qu’on a vu plein de limaces oranges, un escargot ancestral (jamais vu un escargot aussi gros et à la coquille aussi usée, délavée, épaisse), etc. et puis on a du retirer quelques tiques plantées dans nos ventres et mollets, pour conclure -_-‘
    Mes fils sont de grands adorateurs de lucanes (ils ont un papa ayant fait des étude de biologie spécialisée dans les insectes, c’est dans les gênes) ; ils auraient été tout fous devant votre trouvaille ! Vivants ils sont inoffensifs et très pratiques pour l’observation. C’est des femelles qu’il faut se méfier ; malgré leurs grandes pinces les mâles pincent très peu fort, les femelles par contre en ont de bien plus petites, et qui serrent vraiment beaucoup. Ça reste gentil par rapport à d’autres attaques animales, mais ça peut inquiéter.
    Le récit du tumulus me fait l’effet de ma visite de la Bretagne, adolescente ; je m’attendais à découvrir la forêt de Merlin pleine de magie et de mystères (que de naïveté), et on l’a traversée en autoroute… Les menhirs ? entourés de grillages protecteurs, des ordures partout qui trainaient dans l’herbe alentours. J’étais malheureuse comme les pierres (sans jeu de mot ^^)
    Euh je raconte complètement ma vie là, c’était pas le but, désolée x)

    1. J’aime bien quand mes mots provoquent d’autres mots. Après tout j’ai créé mon blog pour initier des échanges.
      Merci pour toutes les informations sur les lucanes. Je ne suis jamais très à l’aise avec les insectes, à l’inverse de ma fille qui se serait jeté dessus à mains nus sans problème. Du coup j’ai vérifié qu’il était mort avant de la laisser s’approcher.
      Et j’ai l’impression que votre journée, et probablement la traversée des orties, risquent de vous laisser des souvenirs durables !

  7. Pour avoir passé un séjour à Mulhouse, c’est vraiment un superbe coin Français ! Après cette période de confinement, rien de mieux qu’une balade en forêt de toute façon !

    Au plaisir de vous lire

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