Ceux qui lisent régulièrement le blog ont probablement remarqué que nos lapbooks ont le plus souvent pour thème un roman. Cela fait partie intégrante de l’instruction en famille de Nine, 9 ans. Cette fois-ci, toujours avec son autorisation, je vous présente l’étude du roman Les pointes noires de Sophie Noël.
Il s’agit d’un roman que j’ai lu intégralement à voix haute. Je ne l’avais jamais lu. Je souhaite, autant que possible, privilégier des lectures enrichissantes pour ce que je lis à voix haute, pas forcément instructif au sens premier, mais qui nous apporte quelque chose. C’était le cas du roman Les Penderwick que nous avons adoré, récit estival lumineux, drôle et avec des personnages très attachants. Pour autant, il ne se prêtait pas du tout à une étude sérieuse ou à des discussions, c’était juste pour le plaisir de lire, allongées l’une à côté de l’autre.
Bref, pour revenir au livre Les pointes noires, vu que je ne l’avais pas lu, je ne savais pas avant de commencer ce que nous allions faire. Nous avons donc improvisé au fur et à mesure, contrairement aux activités autour du Royaume de Kensuke (j’avais un souvenir net de ma première lecture).
Présentation du roman Les pointes noires
Ce récit est un roman qui s’inspire en partie de l’histoire de la danseuse Michaela DePrince. Cette dernière est née au Mali et c’est grâce à son adoption par une famille américaine qu’elle a pu apprendre la danse classique et devenir l’artiste qu’elle est aujourd’hui.
L’héroïne du roman, Eve, est née au Mali. Elle a découvert la danse classique par hasard, à la télévision et depuis elle rêve de devenir danseuse. Alors bien sûr quand elle arrive en France, la première chose que lui offre sa famille adoptive, ce sont des cours de danse.
Lorsque le récit débute véritablement, Eve est une collégienne qui souhaite intégrer l’école de l’Opéra de Paris. Mais ce temps de préparation ne va pas du tout prendre la direction qu’elle pensait. Ses pieds ne lui permettent pas de porter facilement des pointes. Sa nouvelle professeure de danse insiste sur l’unité visuelle des danseurs de l’Opéra, unité prenant en compte la couleur de la peau. Eve est pourtant prête à tout, quitte à refuser de dormir pour s’entraîner.
Ce résumé vous en dévoile un peu plus que ce que je dirai à un enfant qui souhaite le lire, mon idée étant de vous permettre de comprendre les thèmes abordés.
C’est un roman d’adolescence, où les rêves d’enfance commencent à se confronter aux décisions importantes et à une certaine réalité. La détermination d’Eve semble inébranlable et on sent même la maman qu’est l’autrice dans la réaction de la maman du personnage, entre envie de soutenir l’enfant et envie de la protéger.
Toutefois, ce récit témoigne également de difficultés auxquelles sont confrontées les personnes racisées. Non seulement le concours que choisit le personnage principal est difficile, mais en plus on considère qu’avec sa peau noire elle n’a aucune chance.
Je tiens à préciser que l’autrice est une femme blanche française, mère d’enfants racisés.
Les grands thèmes dans Les pointes noires
Au fil de la lecture, il y a trois thèmes que nous avons retenus :
– les danseuses classiques noires,
– l’Opéra de Paris
– le racisme.
Nous avons également discuté de la question de l’adoption et plus rapidement du Mali et du Sida. Il y a quelques années déjà, j’avais créé pour Nine un dossier d’activités sur le Mali, toujours disponible sur le blog.
Tout d’abord, le livre est dédicacé à deux danseuses afro-américaines : Misty Copeland et Michaela DePrince. Nous avons donc regardé quelques vidéos de l’une et l’autre. Puis j’ai découvert Chloé Anais Lopes Gomes, danseuse noire française qui travaille dans un ballet allemand. Plusieurs documentaires et reportages sont disponibles directement en français, ce qui était plus intéressant pour nous. Et surtout ce sont trois femmes avec des physiques différents et absolument magnifiques toutes les trois.
Nous avions visité l’Opéra de Paris il y a quelques années et à défaut de pouvoir y retourner, nous nous sommes replongées dans les photos de cette sortie.
Je vous conseille également l’épisode de C’est pas sorcier intitulé Dans les coulisses de l’opéra.
Enfin pour le thème du racisme, j’ai écrit tout un article sur l’éducation à l’anti-racisme. Les ressources pour enfant sont vraiment limitées. Du coup, c’était surtout des discussions entre nous. Le livre propose plusieurs exemples vraiment intéressants.
Un garçon de l’école se moque d’Eve car en tant que personne noire, elle devrait courir plus vite.
La professeure de danse considère que s’il n’y a pas de danseurs noirs, c’est pour un rendu visuel plus beau.
Eve décide de peindre en noir ses pointes puisque malgré l’appellation couleur chair, ce n’est pas la couleur de sa chair.
La meilleure amie d’Eve n’intervient pas face à certains propos racistes (mais intervient devant d’autres) car elle n’a pas l’impression que c’est raciste.
Ce ne sont que quelques exemples, mais la variété est très intéressante à discuter.
Une création artistique sur le thème de Degas
Dans le récit, Eve doit peindre pour le cours d’art plastique sa propre version d’un tableau classique. Ce petit passage nous a donné envie de voir à quoi ressemblait le tableau en question, L’étoile. Suite à ça, Nine a souhaité faire la même activité qu’Eve, en réalisant sa propre version du tableau.
Lettre à l’autrice
Je ne sais pas si vos enfants vous posent ce genre de question, mais régulièrement Nine me dit « mais comment l’auteur sait ça ? » ou « tu crois que l’auteur a déjà visité l’Opéra en vrai ? ».
Lorsque j’ai acheté le livre, j’avais posté une photo sur Instagram et l’autrice m’avait souhaité bonne lecture. Du coup je me suis dit que ça pouvait valoir le coup de proposer à Nine de poser toutes ces questions à l’autrice elle-même et peut-être recevoir une réponse.
C’était une activité intéressante mais qui a créé beaucoup d’émotions. Elle est passée d’un million et demi de chose à demander à « votre livre était bien ». Elle a finalement construit sa lettre petit à petit, accepté de la retravailler un peu puis de la réécrire au propre. Nous l’avons envoyé via Instagram et Nine a reçu une réponse que j’ai dû imprimer pour la mettre dans le lapbook.
Je suis contente de lui avoir proposé cette activité d’écriture qui donne une autre dimension au livre en lui-même.
Conclusion
C’était une lecture assez douce en fait, avec des découvertes parfaites pour un second confinement (oui, il y a un énorme décalage entre ce que nous faisons et ce que je publie). Il y a un tome 2 que nous n’avons pas encore acheté.
Techniquement Les pointes noires est un roman totalement accessible en lecture autonome pour un enfant à partir de 9 ans. Si nous l’avons lu à voix haute, c’était pour le plaisir de le partager.
Actuellement nous lisons plusieurs choses en même temps, ce qui est assez rare. Un roman qui va nous conduire sur la route de la soie, un documentaire sur l’espace et un documentaire sur la physique. La seule chose qui me frustre est qu’il est difficile d’associer nos lectures actuelles avec des sorties, comme nous l’avions fait pour étudier Reine du fleuve, en visitant une exposition sur l’Amazonie.
Car autant j’aime lire, autant j’ai vraiment hâte que les musées ouvrent de nouveau !
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Par ailleurs, l’article contient des liens affiliés. Je privilégie Decitre, librairie française, toutefois dans certains cas, le livre n’est plus disponible alors, j’inclus un lien vers Amazon (qui propose de l’occasion).
Bravo à ta fille pour ce travail mêlant analyse d’une oeuvre et créativité ! Bises Sandrine
Merci.
L’avantage de l’improvisation, c’est qu’on avance vraiment suivant nos envies. Ainsi c’est elle qui a eu l’envie de faire une peinture du tableau de Degas d’après la consigne du professeur dans le roman.
Bonne semaine à toi.