Confidence pour confidence, j’ai un amoureux dont la spécialité professionnelle est le Moyen-Âge. De mon côté, je crois que si je devais nommer la période historique qui m’intéresse le moins, ce serait le Moyen-Âge. J’essaye de me soigner mais quand j’entends le mot mérovingien je crains que quelqu’un ne me demande de réciter dans l’ordre la liste de tous les rois. Ça peut sembler excessif mais c’est un souvenir que j’ai de l’école primaire, avec une certaine honte de n’avoir pas su retenir qui était Mérovingien et qui était Carolingien.
Autant dire que l’exposition sur Clovis à St Germain en Laye ne m’enthousiasmait pas plus que ça. Enfin si, car elle était présentée comme une exposition interactive et j’adore tout ce qui permet d’attirer les enfants dans les musées. Sauf que cette visite d’exposition que j’ai préparé en amont avec Nine m’a appris énormément de choses. J’ai même eu quelques discussions avec plusieurs fans de l’époque et j’ai ainsi compris que mon désamour de cette époque ne venait pas de moi.
Le Moyen-Âge, une période sombre
Qui n’a jamais entendu dire que les gens de l’époque médiévale étaient sales. Ils puaient, n’avaient aucune éducation, aucune culture. Il suffit de penser aux personnages du film Les visiteurs. On dit même que les premiers rois médiévaux étaient fainéants. Des paroles vite dites qui ancrent dans l’esprit que finalement ce n’est pas le top, autant passer à autre chose.
Mais en réalité, l’idée des rois fainéants était en fait de la propagande politique mise au point par les rois carolingiens. On parle d’une dynastie s’étendant du milieu du 8e siècle au 10e siècle. Je trouve ça absolument bluffant qu’un discours qui servait à asseoir la réputation de la nouvelle dynastie (comme étant plus efficace face à ces anciens fainéants) soit encore dans les esprits aujourd’hui. C’est aussi relativement effrayant le poids des propagandes !
Les conséquences de ce désamour vont même plus loin car à une époque les archéologues fouillaient uniquement pour trouver de l’Antique. Ce qui appartenait à des époques plus récentes était jeté avec le reste de la terre. Bon, peut-être pas tout, car les Mérovingiens fabriquaient de beaux bijoux en or (je ne parle pas du reste du Moyen-Âge car je n’ai pas encore creusé le sujet).
Nine et moi avons donc écouté deux podcasts en amont de notre séjour parisien. L’idée était d’avoir quelques connaissances en tête, un peu de contexte. En parallèle, nous étions en pleine introduction sur les contes et moi-même j’étais en pleine réflexion sur les influences dans la littérature jeunesse (en réalité, c’est une réflexion qui a commencé en mars dernier et je n’arrive pas à trouver des pistes intéressantes, en gros je me demande que penser des auteurs/autrices français qui créent des univers de fantasy en pompant le folklore asiatique sans avoir vraiment creusé le sujet de l’Asie ; ne pourraient-iels pas dans ce cas tout inventer ou puiser dans notre folklore plutôt riche ?). Tout ça pour dire que nous avons découvert la légende de la Sainte Ampoule confiée par Dieu à une colombe pour le baptême de Clovis. Cette fiole contenait le Saint Chrême, une huile présente en quantité suffisante pour baptiser tous les rois de ce qui a donné la France depuis Clovis ! Depuis, nous l’avons vu partout, ou du moins nous l’avons remarqué dans plusieurs œuvres d’art. Moi, j’y vois l’inspiration pour un super roman de fantasy !
Et Clovis à St Germain alors ?
Nous sommes donc arrivées au château de St Germain en Laye pleines d’enthousiasme. Mon amoureux était là, comme le connaisseur qui vient vérifier le travail des collègues mais aussi comme un enfant qui va visiter une chocolaterie.
Le titre de l’expo est Clovis, l’exposition dont vous êtes le héros. Toute référence au livre dont vous êtes le héros est volontaire. À l’entrée, on choisit un personnage et on se glisse dans sa peau de son enfance jusqu’à sa mort. Le visiteur joueur doit prendre des décisions qui le conduisent jusqu’à la page 35 ou peut-être 17 ou… Vous saisissez le principe. Le jeu est aussi disponible sur appli mais elle est bien moins pratique pour profiter de l’expo donc privilégiez le livret papier.
Nine a choisi une ancienne esclave prénommée Bathilde car elle avait en tête la reine Bathilde, l’esclave saxonne devenue épouse de Clovis II et donc reine des Francs. Elle a été régente et à son époque lorsque l’époux décédait, la femme restait propriétaire des biens !!! Elle était propriétaire, elle héritait d’un homme !!! Elle n’était même pas obligée de se remarier pour que quelqu’un gère tout ça à sa place !!! Si vous ne comprenez pas la présence de tant de points d’exclamation, je vous invite à lire la Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne par Olympe de Gouge (dont les idées lui ont valu d’être condamnée à mort et exécutée).
Moi, j’ai opté pour Geneviève issue d’une communauté syrienne installée à Paris. Elle a pas mal vécu mais je n’ai obtenu ni richesse ni prestige et, bon, elle n’a pas eu d’heure de gloire. J’ai pourtant fait de mon mieux pour lui choisir un bon mari (mais les hommes que j’avais repérés ne voulaient pas d’elle) mais je n’ai pas reconnu les épices que vendait le marchand et lors d’un souci judiciaire je ne me suis pas adressée à la bonne personne.
Le livret est assez addictif et contrairement à un certain amoureux qui adore optimiser ses points, qui prend le temps de tout lire et qui avait une connaissance préalable sur la question, j’ai surtout papillonné et concentré mon attention sur le jeu, négligeant les indices dans les salles.
J’ai d’ailleurs trouvé qu’il y avait peu de vitrines et les explications étaient assez succinctes à chaque fois. J’avais mon guide personnel et grâce à lui, j’ai pu imaginer correctement la reine Arégonde porter tous ses bijoux. Disons que face à la vitrine, je pensais que les épingles étaient pour glisser élégamment dans un chignon et non pour retenir un voile.
Je chipote car Nine a vraiment beaucoup apprécié et mon amoureux aussi. La visite est dynamique et comme nous avions plus de temps que prévu devant nous, nous avons fait un tour très rapide du fond permanent. Mais c’était trop conséquent pour ce jour-là, donc nous y retournerons.
L’accès à l’exposition Clovis à St Germain en Laye
Une autre de mes inquiétudes avant de décider d’aller voir l’exposition est son emplacement. Elle est en banlieue, pire à l’ouest, des terres qui me sont totalement inconnues. En réalité, le château se trouve juste devant la sortie du RER A et il est donc très accessible en transport en commun depuis le centre de Paris. Le parc du château est en accès libre (pour les amateurs de pique-nique, nous, nous avions pris l’option pluie), autrement il y a juste à côté une rue avec plusieurs possibilités pour un goûter.
La distance influence également fortement les tarifs puisque ce n’est que 6 € par personne et gratuit pour les moins de 18 ans. Pour tous les autres détails techniques, consultez directement le site de l’exposition Clovis. L’exposition est en place jusqu’au 22 mai 2023.
Conclusion
L’exposition Clovis ne m’a pas totalement réconciliée avec le Moyen-Âge. De toute façon l’époque va jusqu’au 15e siècle et en dehors de Charlemagne quelque part là dedans, je ne connais rien d’autres que les Mérovingiens. Mais la présence de deux personnages féminins et deux personnages masculins à l’entrée de l’exposition dont vous êtes le héros m’a donné envie d’en savoir plus sur les femmes de l’époque, la vie quotidienne et la vie royale. À la boutique du musée, il n’y avait aucun livre intéressant (à mes yeux car mon amoureux a trouvé son bonheur) donc je ne sais pas trop si ma curiosité sera satisfaite prochainement.
Quoique… je viens d’apprendre qu’il y un musée passionnant, abritant un véritable trésor mérovingien, pas si loin que ça de chez nous. Le site archéologique St Martin a ouvert au printemps 2021 à Luxeuil et il abrite 150 sarcophages de l’Antiquité tardive et de l’époque mérovingienne. On m’a dit que la muséographie est exceptionnelle !