Cette année, le 11 novembre 2018 réunira les Français avec un esprit différent. On ne célébrera pas seulement la fin de la première guerre mondiale mais également le centenaire de cet événement.
Un séjour récent à Lens m’a permis de réviser mes connaissances, mais également de prendre la mesure d’une guerre dont la barbarie est souvent oubliée en raison des victimes civiles de la seconde guerre mondiale.
Pour une fois, j’étais contente de ne pas être avec Nine. Je ne veux pas lui dissimuler l’existence de cette guerre. D’ailleurs elle en a déjà entendu parlé et plus précisément du siège de Liège. Pour le moment la Première Guerre Mondiale est associée dans son esprit au sacrifice héroïque : des hommes, Belges, avaient décidé de tout donner, et surtout leur vie, pour offrir du temps aux Français et leur de s’organiser afin d’arrêter les Allemands.
Dans la région de Lens, ce n’est pas l’héroïsme, mais plutôt la souffrance, la perte, la boue, les tranchées qui ont modelé le paysage. Même la ville de Lens et sa profusion de bâtiments Art Déco sont finalement une conséquence de la guerre, puisque la ville fut quasiment intégralement détruite. Il est alors impossible d’imaginer la ville, la vie dans un tel lieu, il y a cent ans. D’ailleurs j’appréhendais les visites sur le Chemin de la Mémoire, ma gorge se sert tellement vite.
À Vimy, comme sur les sites de Notre Dame de Lorette, la dimension mondiale de la guerre apparaît dans toute sa folie et sa réalité. Le mémorial de Vimy est sur le billet de 20$ canadien, leur drapeau flotte dans le ciel, les visites guidées sont assurées par des jeunes Canadiens. Ici, sont morts des hommes qui ont traversé l’Atlantique pour défendre une terre qui n’était pas la leur. Des milliers d’homme. Mais on raconte également qu’ici est née l’unité de la nation canadienne.
L’anneau de la mémoire, lieu qui permet de se souvenir, donne le vertige. Quand on arrive sur place en voiture, impossible de lever les yeux de la Nécropole Notre Dame de Lorette et de la quantité impressionnante de croix blanches, chacune dédiée à un soldat français. Ici se trouve le plus grand cimetière française (et malheureusement le calcul ne concerne pas la superficie mais bien le nombre de personnes présentes). Un phare veille sur eux et des coquelicots en plastique apportent des touches de couleurs, comme des taches de sang qui refuseraient de partir.
Puis, il suffit de traverser la route pour véritablement entrer dans l’anneau. À peine visible de l’extérieur, dès que l’on y est, le vertige est là, face à la quantité impressionnante de noms. Cent ans, c’est long et nous sommes nombreux à ne pas savoir comment nos arrières-arrières grands-parents ont vécu cette guerre. Alors la seule chose qu’il nous reste, c’est de faire le tour de l’anneau en cherchant nos noms. On se détourne aussi de l’émotion en commentant la présence d’un soldat qui s’appelait Harry Potter ou face au nombre de soldat ayant le nom de famille Clark (des lignes et des lignes).
L’empathie que j’ai ressenti pour les familles de ces soldats a laissé une marque profonde en moi. 27 % des jeunes Français de 18-27 ans sont décédés pendant cette guerre. 18,6 millions de mort à travers le monde, civils et soldats confondus. Moi, face à l’émotion, je m’accroche aux faits, aux chiffres, à l’Histoire.
Cependant plus j’avançais dans le musée du Mémorial 14-18, plus je me sentais perdue. Un jour, je vais devoir expliquer tout cela à Nine, puisqu’elle grandit sans école. Et autant je n’ai eu aucune difficulté à avoir les mots, les faits pour expliquer la bataille d’Alésia, autant là, je reste muette. Pour le moment il n’y a pas sur place de livrets ou d’audioguide pour faire une visite adaptée aux jeunes publics. Mais il y a, pour quelques jours encore, l’exposition Wool War One. Positionnée de façon à être visible sans entrer dans aucune autre salle, gratuite, elle se concentre sur une seule chose : les humains. 780 soldats de laine défilent, ils sont Français, Belges, Vietnamiens, Allemands, Marocains, etc. Et un soldat inconnu. Ils ont tous la même taille, ils sont tous sur la même colonne. Ils permettent de mettre des premiers mots sans entrer dans les détails ou l’horreur. Ils mériteraient de rester là de façon permanente, afin d’aider les enfants dans le travail de mémoire, mais ils seront démobilisés le 11 novembre 2018 et chacun ira dans un foyer. Le repos enfin, la paix aussi longtemps que possible.
Cette demi-journée de visite m’a laissé désœuvrée face au travail de mémoire et de transmission. Pourtant je sais qu’un jour ma fille aura suffisamment grandi pour découvrir avec les mots de Michael Morpurgo (si présent dans ma bibliothèque) la réalité de la guerre pour les simples soldats. Alors, si elle souhaite en savoir plus, je l’emmènerai dans les Hauts de France, à Vimy, à Notre Dame de Lorette ou peut-être dans d’autres lieux de mémoire que je n’ai pas encore visité. Et je la laisserai faire son propre chemin à travers notre Histoire.
Présenter à des enfants la Première Guerre Mondiale
Je ne sais pas encore ce que je vais faire, les conseils ci-dessous ne sont que des pistes que je n’ai pas testé avec Nine pour le moment. N’hésitez pas à partager en commentaire votre propre approche du sujet.
Comme dit plus haut, l’exposition Wool War One me semble une exposition parfaite pour les enfants qui découvrent cette période historique. Il n’y a pas de mots, pas d’horreur, mais elle ne manquera pas de créer la parole.
Cependant puisque l’exposition se termine le 11 novembre 2018, mais que les enfants ne doivent pas cesser de découvrir et comprendre, j’ai demandé conseil à Paule-Elise du blog 1916 kilomètres. Elle visite, lit et blogue sur le thème de la Première guerre mondiale. Elle nous recommande, à nous parents, les carrières de Montigny, dans l’Oise. « Ce sont d’anciennes carrières de calcaire, qui ont été utilisées par les soldats de l’arrière du front, notamment comme hôpital et lieu de repos. L’endroit est vraiment spectaculaire et il y a des visites guidées. Pour un enfant, ça peut faire Indiana Jones et puis c’est moins plombant qu’un cimetière militaire. »
Pour en savoir plus, consultez directement l’article de Paule-Elise : L’Oise dans la brume. Et si ce n’est pas dans votre région, son blog vous donnera probablement d’autres idées de visite plus proche de chez vous.
Soldat Peaceful est un roman magnifique de Michael Morpurgo, retraçant la vie d’un jeune soldat britannique qui se retrouva engagé dès le début de la guerre. C’est un roman dont je me souviendrais probablement toute ma vie, malgré les nombreuses larmes que j’ai versé (ou probablement grâce à toutes les émotions que j’ai ressenti).
Un site internet a été créé à l’approche du Centenaire et il propose ici une sélection de ressources pédagogiques. Le site 14-18 Musée Territoire recense de nombreux lieux de visites mémorielles.
Enfin toutes les informations pratiques pour visiter les différents sites à Notre Dame de Lorette sont à retrouver ici et là pour le Mémorial Canadien de Vimy.
J’ai découvert les sites de mémoire autour de Lens lors d’un blogtrip organisé par le collectif #EnFranceAussi et l’office de tourisme de Lens. L’avis reste personnel et je reviendrais sur mon séjour dans Lens ultérieurement. Là je voulais absolument vous présenter l’exposition Wool War One avant sa clôture.
J’ai passé du temps à retrouver la trace de mon arrière grand-père, mort pendant la 1ere GM et cet article a remué beaucoup de souvenirs. Merci d’avoir mis des mots justes sur les émotions
Merci de ton message !
J’aime beaucoup ta façon de nous transmettre tes émotions tout en nous faisant passer les informations.
Bises
Merci beaucoup.