Les Américains sont unanimes, il suffit d’être sur le sol français pour pouvoir se régaler de trois fois rien. Malheureusement je ne suis pas américaine, et quand je me promène dans le Loiret, il me faut plus que l’idée de pouvoir acheter une baguette fraîche pour me faire saliver. Et le Giennois est bien loin de me faire rêver, puisque je n’y associais aucune autre spécialité que l’AOC Côteaux du Giennois, du vin donc… dommage que je n’en boive pas.
Après avoir râlé pendant plusieurs semaines, j’ai donc décidé de mener l’enquête. Dans la ville même de Gien, deux chocolatiers offrent une « spécialité », qui a défaut d’être municipales sont très commerciales. L’une des deux est en vente chez Leonidas et je ne peux m’empêcher de penser qu’il existe exactement le même chocolat sous un autre nom dans une autre ville. Je n’ai jamais osé poser la question.
Quitter la région parisienne, c’est avoir quelques difficultés à trouver certains produits, mais c’est aussi l’accès à des artisans qui n’hésitent pas à prendre part à des concours… et à les gagner.
Le grand champion de la région est M. Touchard, médaille d’or au Grand Prix Européen. Je conserve un peu de suspens, car sans ma belle famille en vacances quelques jours chez nous, je n’y aurai jamais prêté attention. Il paraît pourtant que le samedi matin sur le marché de Gien, il y a systématiquement la queue chez lui. Et tout le monde s’accorde à dire que c’est vraiment bon. Il faut donc aller jusqu’à St Gondon (petit village traversé par la Loire à vélo), pour déguster l’une des meilleures andouilles d’Europe ! Je ne suis pas suffisamment experte pour donner mon avis, mais j’ai apprécié l’andouille fumée alors que je n’y ai goûté que par politesse.
Le meilleur chocolat moka de ma courte vie de grande fan de chocolat se cache dans la toute petite boutique la Chocothèque (à Gien). La vitrine ne paye pas de mine et un panneau d’ardoise invite à découvrir les macarons maisons. En fait l’intérieur n’offre rien d’exceptionnel, on est loin des cadres épurés et snobs de certains établissements parisiens. On apprend tout de même rapidement que les chocolats sont 100% pur beurre de cacao (pas de risque de trouver de l’huile de palme), mais également sans arôme et sans conservateur. Pour avoir un parfum framboise, ils utilisent de vraies framboises. Et derrière le moka doit se cacher un très bon café pour avoir un parfum si fort et pourtant si délicat.
Sur Poilly-les-Gien se trouve une chèvrerie bien connue des gens du coin car je pense que toutes les écoles y emmènent des élèves une fois par an. C’est là-bas, à la chèvrerie du Bardelet, que j’ai appris que le fromage ne poussait pas directement dans les boîtes. C’est aussi probablement pour ça que j’adore le crottin de Chavignol, dont l’appellation est contrôlé (soit AOC, comme le vin). Il doit être possible d’en acheter sur les marchés du secteur mais autant aller directement chez le producteur, goûter, papoter, saluer une chèvre ou deux et se fâcher avec son porte-monnaie.
Bien entendu en été, il n’est pas nécessaire de faire le tour de tous les petits villages pour faire ses courses, tous les supermarchés ouvrent un rayon « produits de la région ». Pour plus cher qu’au marché, vous pourrez obtenir des versions industrielles de ce que l’on trouve dans la région (au sens très large). Le marché est déjà une meilleure solution, mais de nombreux produits ne sont pas présentés ou alors à travers 10 étales différents.
Le hameau de Gien est une épicerie fine qui ne cache pas qu’une grande partie de ses produits viennent de Rungis. Cependant si je prends la peine de la citer ici, c’est qu’elle propose également des produits achetés directement auprès de producteurs locaux. J’y ai testé des gâteaux secs du Cher (à 10km de là) et de la bière d’Amilly (pas mal du tout). En fin d’année il est possible de s’approvisionner en escargots et en foie gras. Lors de mon passage, il y avait en stock des champignons, du miel, des terrines du Loir-et-Cher, de la Poire d’Olivet… Et puis, même si ce n’est absolument pas typique, une salle y tient le rôle de cave et la sélection de whisky a laissé mon namoureux muet de bonheur face à un choix pointu pour connaisseurs. Seul hic, l’épicerie ferme une grande partie de l’été.
Donc si je résume, dans le Giennois, on mange de l’andouille et du fromage de chèvre. Puis on craque pour du chocolat, de la bière et du vin. Tout ce qu’il faut pour une alimentation saine, équilibrée et très française ! Et dès que je me trouve une bonne excuse, je teste les macarons de la Chocothèque, le Concorde de chez Mme Thibault et je vais visiter le musée de l’apiculture (au cœur du Gâtinais). Avec un peu de motivation, il n’est plus nécessaire d’être américaine pour se régaler dans n’importe quelle région française.
Carnet d’adresses :
M. Touchard, boucherie-charcuterie, centre du village (face au café), St Gondon
La Chocothèque, chocolatier, 4 place St Louis, Gien
Chèvrerie du Bardelet, Le Grand Bardelet (à côté du camping du même nom), Poilly-lez-Gien
Hameau de Gien, 4 rue de Tlemcen (rue piétonne), Gien
Un article vivant qui fait quand même penser que ce n’est pas évident de trouver de l’authenticité… Pour moi qui vient des montagnes, avant d’arriver à Paris j’étais persuadé qu’au marché on trouvait des produits locaux vendus par les producteurs eux-mêmes ! Mais c’est rare et Rungis est partout…
En tout cas bel effort de recherche pour cet article 🙂
Je trouve que les choses ont changé, ou alors je deviens plus lucide. j’avais aussi l’impression que le marché était le lieu idéal pour acheter des produits locaux, et c’est en fait difficile.
Par contre, avec une enfant de moins de 3 ans, devoir aller à la chèvrerie pour acheter du fromage devient un vraie plaisir.
Joli article assez fidèle à la réalité qui me fait dire qu’au final, il n’y a pas tant de spécialité culinaire que cela dans le giennois.
Je suis natif de Gien, et j’avoue que je ne m’étais jamais posé la question si la ville possédait une spécialité culinaire. En lisant cette article, je découvre qu’il n’y en a pas vraiment. Pas de tourte, de cake salé, pas de confiserie, rien. Gien est connu pour sa faïence, mais celle-ci ne se mange pas. D’autres communes ont sorti leurs épingles du jeu, mais nous ne sommes plus à Gien.
En même temps la ville se veut carrefour, il y a longtemps on venait à Gien pour vendre, ce n’est pas là que les bons produits étaient créés. C’est un peu dommage (surtout pour les gourmands). Il ne nous reste plus qu’à placer les spécialités des autres régions dans une belle assiette de la faïencerie !
Merci Tiphanya,
J’ai mon panier et les adresses, je cours faire mon marché.
À bientôt,
Françoise