Chaque portrait de voyageurs en famille que je prépare est l’occasion pour moi d’une rencontre. Dans certains cas je contacte des familles dont je lis les aventures en ligne, mais souvent ce sont des personnes simplement croisées sur des groupes de voyageurs.
Et je suis toujours émerveillée par les idées, les rencontres, les projets que chacun porte. Chaque famille est unique et inspirante !
Aujourd’hui je vous présente les Antipodiens. Marc, responsable de la communication du team et Antipodien Senior, a pris le temps de répondre à mes questions et de sélectionner quelques photographies, depuis leur camp de base en Ardèche.
N’oubliez pas de vous inscrire à leur page facebook ou de consulter leur blog pour en savoir plus.
Bonjour Marc, pourrais-tu nous présenter ta petite famille ?
Nous sommes une famille de 4 personnes, 2 adultes, les Antipodiens Senior, et 2 enfants, les Antipodiens Junior.
Chez les Juniors, il y a le p’tit dernier, Baptiste (bientôt 9 ans) et la p’tite grande, Florine (bientôt 13 ans). Dès leurs plus jeunes âges, ils ont fait partie de nos voyages. Nous avons quitté le territoire métropolitain lorsque Baptiste avait 3 ans 1/2. Pour lui, la France n’est qu’un pays parmi les autres. Il n’y a pas si longtemps, alors que nous habitions en Bulgarie, Baptiste encourageait l’équipe nationale bulgare de football lorsqu’elle jouait contre les Français !!! Sa vision du monde est universaliste, pas sectaire. Il confond les péages d’autoroute avec des passages en douane !!!
Quant à Florine, p’tite grande des Juniors, elle a pour rêve de vivre et de travailler au Japon (elle était presque au paradis lorsque nous avons passés 10 jours au Japon entre Kyoto et Osaka). Du haut de ses presque 13 ans, elle aime dire qu’elle n’a fêté son anniversaire que 5 fois en France !!! Elle aime découvrir de nouveaux lieux, de nouvelles cultures, de nouvelles cuisines mais aussi elle aime garder un lien avec ses amies de voyage. Elle converse régulièrement avec ses copines éparpillées sur la boule ronde (Canada, Nouvelle Calédonie, Brésil, Tanzanie, Bulgarie, …).
Puis, pour manager l’équipe, il y a les Antipodiens Senior, Stéphanie (43 ans) et Marc (49 ans).
Notre vie est ponctuée de déménagements (professionnels pour la plupart) et de voyages. Notre rencontre s’est faite au cours d’un voyage en Amérique du Sud. Notre histoire a débuté en Colombie, à Carthagène (ville que nous espérons faire visiter aux enfants).
Nous ne sommes pas des rêveurs de vie. Nous avons décidé, après réflexion, d’être acteurs de notre vie commune. Parce que le quotidien nous ennuie et nous étouffe, tuant notre désir de liberté, effaçant nos rêves pour les fondre dans un marasme routinier. C’est aussi parce que nous pouvons nous le permettre financièrement que nous avons franchi le pas. Toutefois, notre liberté a un prix. Ce prix est l’amputation de nos revenus de 66% !!!
Faut-il vivre ses rêves ou rêver sa vie ? Voulons-nous réussir notre vie ou réussir dans la vie ? Deux questions qui nous ont accompagnés lors de notre réflexion. Pour Stéphanie, la décision a été plus dure à prendre. Pour moi, la décision était prise depuis longtemps, il nous fallait un exutoire à cette société qui nous broie et qui nous oblige à laisser nos enfants 55 heures par semaine chez une Assmat ou au centre de loisirs après l’école !!! À une vie chronophage des plaisirs quotidiens de la vie, nous avons choisi une vie plus lente en famille. Aujourd’hui, nous nous émerveillons de toutes choses qui nous entourent, que nous voyons, redécouvrant notre environnement comme au premier jour.
Vous êtes partis de France il y a presque 4 ans si je ne me trompe pas. Que s’est-il passé pendant ces années de découvertes du monde ?
En fait, cela fait 5 ans que nous avons quitté le territoire métropolitain. Nous avons habité 2 ans en Nouvelle Calédonie avec l’idée de peut-être s’installer. Mais les Antipodiens ne restent pas longtemps en place, l’insularité ne fait pas partie de leur mode vie !!! Comme nous avions toujours cette idée de voyage, nous sommes rentrés pour liquider les quelques affaires que nous avions encore en garde-meuble. Puis au volant de notre camping-car (Antipode), nous avons sillonné les routes d’Europe. Parce que Florine (et son estomac) supporte mal les transports et que Baptiste a développé une allergie aux acariens, nous avons décidé en juin 2016 de nous poser quelques temps.
A l’aide d’une carte d’Europe (pour nous, pas question de retourner en France !!!), nous avons pointé toutes les écoles françaises qui se trouvaient en Europe de l’Est. Nous avons pris contact avec la direction de l’École Française Internationale de Varna en Bulgarie pour demander s’il y avait de la place pour 2 enfants. Par retour de mail, le directeur nous a transmis deux dossiers d’inscriptions. Alors, nous avons inscrit les enfants et pris la route pour la Bulgarie, pays que nous n’avions pas encore visité !!! Voilà comment fin juillet 2016, nous nous sommes retrouvés en Bulgarie, pays qui allait nous accueillir pour presque 2 années !!!
Il y a un an, nous avons fait une rechute de « voyagite » aiguë. Les enfants étant d’accord pour repartir (de toutes façons leurs copains et copines partaient aussi). Nous avons listés les moyens de locomotion qui pouvaient nous emmener sur les routes et chemins de la boule ronde. Exit Antipode, notre camping-car, et bienvenue aux Vél’Antipodes, nos nouveaux destriers, pourfendeurs de kilomètres. Voilà la genèse de notre nouveau voyage, nouvel épisode de notre vie de nomade.
Sur votre blog, on croise des couleuvres et des grenouilles. On se dit qu’effectivement rien ne vaut les voyages pour rencontrer les autres. Mais pour vous qui avez voyagez de bien des façons, qu’est-ce qui vous a permis le plus de belles rencontres ?
Sans hésitation, le vélo et les enfants.
Grâce aux vélos, nous avons le temps et les enfants sont les clés qui ouvrent les cœurs des gens rencontrés (c’est pour ça que nous les prenons avec nous) !!!
C’est grâce à Baptiste que nous avons pu éviter de passer la nuit sous un orage en Roumanie. Nous avons été, cette nuit-là, accueillis chez une dame qui avait craqué pour les beaux yeux de Baptiste !!!
Voyager en vélo permet d’avoir un contact plus direct avec les populations rencontrées. Il est plus facile de s’arrêter sur un bord de route pour discuter avec quelqu’un. Souvent, arrêtés au coin d’une rue, on venait nous demander si nous avions besoin d’aide ou si nous cherchions quelque chose de précis, contacts que nous n’avions pas lorsque nous voyagions avec Antipode, sentiment d’immersion, lien que nous recherchions au cours de nos précédents périples.
On vous voit également dormir sur la terrasse d’un bar (dans cet article) ou encore faire sécher la tente dans une petite chambre d’hôtel. Lors de votre voyage en vélo, quels ont été les plus gros changement du quotidien, ceux parfois un peu difficile à accepter ?
En ce qui me concerne, c’est de me réveiller dans une tente remplie de condensation avec en prime de la pluie !!! Pour Florine, le fait de partager une tente avec son petit frère est parfois dur (fonctionne aussi dans l’autre sens en ce qui concerne Baptiste). Pour Stéphanie, le froid du petit matin est un peu dur à accepter.
Après, pour le reste, il faut s’adapter. Notre vie sédentaire est forcément différente de celle que nous menons actuellement, ce qui nous permet de mieux apprécier les petites choses du quotidien lorsque nous nous arrêtons et dormons sous un toit dans un vrai lit !!!
Sur un plan moins matériel, le fait de vivre en permanence à 4 est parfois difficile à accepter. Les enfants doivent accepter le fait que leurs parents sont constamment sur leurs dos, présence permanente (à moins que ce soit l’inverse !!!). Il y a des tensions, des éclats de voix puis ensuite chacun pédale et tout rentre dans l’ordre.
Pour vous, quelle est la plus belle chose que permet le voyage en famille ?
La plus belle chose est, pour nous, le fait de voyager ensemble et de partager des instants qui ne sont qu’à nous. Visiter des lieux, rencontrer des gens, partager nos sentiments, nous émerveiller ensemble des petits riens qui tissent notre vie.
Quelle place occupe l’instruction des enfants ? Comment vous organisez-vous ?
Lors de notre voyage en camping-car, nous sommes passés par le CNED. Ce ne fut qu’une longue suite de pleurs et de crises. Pour cette nouvelle aventure, nous allons mixer différentes méthodes (CNED, ressources numériques glanées sur la toile et conseils d’amis enseignants rencontrés en Bulgarie).
De notre première expérience, nous en avons aussi conclu que nous étions sûrement trop exigeants entre nos attentes et celles attendues en fin de cycle. Nous avons d’ores et déjà rectifiés le tir en étant plus souples et moins stricts. Nous leur donnons les matières à faire, ils doivent les faire dans la journée. Nous nous adaptons à eux au lieu de vouloir faire l’inverse. L’école a repris doucement. Sur la première quinzaine de septembre, nous avons fait des révisions orales. Le lendemain de notre arrivée, nous avons commencé véritablement l’instruction en famille et depuis les journées sont rythmées par les cours. Baptiste travaille le matin alors que Florine travaille matin et après-midi. Nous mettons notre temps de repos en Ardèche pour avancer sur le programme scolaire avant notre prochain départ.
Depuis peu vous êtes de nouveau en France. Quels sont vos projets pour la suite ?
Nous sommes arrivés mi septembre à notre camp de base. Depuis, nous avons peu pédalé car nous passons les journées à préparer la suite de notre aventure. Nous n’avons toujours pas décidés de nous poser.
Début novembre, nous nous envolons pour l’Argentine, avec nos montures. Ce n’est pas un nouveau départ, juste la suite de ce que nous avons commencé. Nous prévoyons de remonter le continent américain pour terminer l’exploration de celui-ci au Canada. Nous n’avons toujours pas de durée déterminée, toujours sans date de retour. Peut-être finirons-nous par nous poser quelque part ? Mais ce ne sera que pour un temps, c’est la seule certitude que nous avons actuellement.