Quand on me parle de peintres néerlandais, je pense à Rembrandt et à des œuvres sombres. Vermeer et Van Gogh ne me viennent jamais à l’esprit et c’est donc pour moi une peinture lourde, austère (coucou le protestantisme) et qui me fait bailler… Mais que ne ferai-je pas pour ma fille ! Ceux qui me suivent régulièrement sur Instagram savent qu’elle aime l’art moderne et contemporain. Alors pour lui faire plaisir, je l’ai emmené visiter le musée Singer Laren afin de découvrir ses expositions en constante évolution et d’avoir une autre vision de l’art local.
La première chose à retenir est que ce musée fonctionne avec des expositions temporaires et donc que ce que j’ai vu pendant l’été 2022 ne sera probablement plus là lors de votre visite. Ne fuyez pas pour autant mon article car certains éléments sont tout de même durables.
Derrière le musée Singer Laren, une femme et son mari
Au début du 20e siècle, Laren (petite ville à 5 km de Hilversum aux Pays-Bas) était un haut lieu pour les artistes peintres.
William Singer découvre l’existence de cette ville lors d’un séjour à Paris. Ce magnat américain est collectionneur d’art, il aime aussi peindre mais il est surtout mécène. Il s’installe à Laren avec sa femme, Anna Brugh Singer, et on estime qu’entre 1900 et 1940 il a acheté plus de 3000 œuvres !
Ils ont ouvert un tout premier musée en 1931 dans la ville natale d’Anna, le Museum of Fine Art in Washington County. Je dois dire que c’est un indice fort en direction de la personne qui n’a pas de page Wikipedia à son nom (contrairement à son mari) mais qui est derrière l’existence du musée Laren (et en réalité de quatre musées en tout si je n’ai rien loupé).
Car William Singer est silencieux et apprécie le calme et être en retrait. Il est cité partout quand on cherche des infos sur le couple mais son rôle est très… financier. Sa femme, Anna, aime la vie mondaine. Elle organise des concerts, joue du piano et elle invite de nombreuses personnes chez elle ou dans son cercle d’activités. Après quelques années de vie au calme en Norvège, le couple se fait construire une maison à Laren et s’y installe. Ils sont bien mieux situés pour avoir une vie sociale et artistique trépidante répondant aux besoins d’Anna.
C’est le décès de William Singer en 1943 qui provoque l’envie chez Anna de construire un lieu durable, ouvert aux visiteurs, liant salle de concert et espace d’exposition. Elle transforme leur maison avec cet état d’esprit et en 1956 le musée ouvre ses portes pour la toute première fois. Depuis, il s’est enrichi d’un magnifique jardin abritant des sculptures contemporaines et un grand nombre de fleurs de toutes les couleurs. Il y a également un restaurant – café où je regrette de ne pas avoir prévu de prendre le petit déjeuner (il ouvre plus tôt que le musée).
« Singer Laren is, in the spirit of the founder, the place where the arts come together, where we celebrate the arts. » Jan Rudolph de Lorm, museum director (source)
« Singer Laren est, dans l’esprit de sa fondatrice, le lieu où les arts se rejoignent, où nous célébrons les arts. » propose de Jan Rudolph de Lorm, directeur du musée.
En savoir plus (merci Google Translate) : https://www.gooischetamtam.nl/ode-aan-anna-singer/ et https://wcmfa.org/visit/about-us/.
Le musée Singer Laren aujourd’hui
Ce musée semble incroyablement dynamique. Il a une programmation très dense avec des concerts, des spectacles, des créneaux strictement réservés aux familles, etc. Bon, il est surtout néerlandophone. L’accueil est accessible de façon bilingue, le site internet est proposé en anglais, mais lors de l’achat des tickets, on ne reçoit qu’une validation en néerlandais. Dans le même genre, je peux citer le fléchage dans le musée, les informations pratiques pour utiliser un casier, le parcours enfant, etc. Heureusement tous les textes affichés sont en néerlandais et en anglais, on peut donc profiter correctement du musée (si on parle anglais, mais ça c’est encore un autre sujet).
Par ailleurs, le musée Singer Laren fonctionne uniquement avec des expositions temporaires, visibles sur plusieurs mois.
Ainsi en juillet 2022, nous avons vu :
– Jan Sluijters et les modernistes, une exposition liée à un don reçu par le musée, présentant en priorité des œuvres de Jan Sluijters. C’était l’occasion de voir des tableaux représentant la région mais aussi la vie parisienne des salles de spectacles, des portraits, etc
– Lussanet, paint in his blood, une exposition qui était positionnée sur la fin du circuit. Nous n’avons pas aimé le style (effrayant pour reprendre les propos de Nine) et nous avions faim, donc on est passé très très vite.
– Théo van Rysselberghe, peintre du soleil, une exposition sur un peintre belge dans le courant pointilliste. Nous avons adoré, c’était lumineux (le titre était effectivement parfait) et dans un style que nous n’avions encore jamais vu dans nos visites de musée.
– Klaas Gubbels, Singer Prize 2022, une petite exposition dédiée à l’artiste dont la carrière a été primée par le musée. Ce Néerlandais peint et sculpte des cafetières et j’ai adoré (d’ailleurs toutes les photos du jardin que je vous ai montré ci-dessus présentent une de ses œuvres).
Le titre de l’exposition de septembre 2022 me donne aussi envie : Impressionnisme et modernisme aux Pays-Bas. Tout semble fait pour que les gens du coin s’y rendent régulièrement.
Côté budget…
C’est un peu le sujet qui fâche, comme dans tous les musées néerlandais me semble-t-il.
Il s’agit d’un musée privé et la gratuité est réservée aux enfants jusqu’à 12 ans uniquement. Cependant le prix de l’entrée me semble correct pour un lieu privé et pour des expositions reposant principalement sur des œuvres prêtées par des particuliers (et donc difficiles d’accès en principe).
Par ailleurs, il est tout à fait possible de se rendre uniquement dans le jardin (cela risque d’être frustrant) ou au café. On peut quand même boire son expresso face à une statue du penseur de Rodin. J’aime bien l’idée.
Côté femmes…
Juste deux mots sur le sujet.
Le musée a été construit par une femme, ça impossible de le nier. Par contre, côté exposition, cela manque de présence féminine. Il y avait beaucoup de femmes nues (l’occasion de remarquer avec Nine que chaque peintre ne sait peindre qu’une seule forme de seins) mais je n’ai trouvé que trois tableaux peints par deux femmes. Ça tombe bien, l’un d’entre eux est le coup de cœur absolument de Nine, le portrait d’une petite fille peinte par Jo Koster. J’oubliais : le lapin à l’entrée est aussi une sculpture d’une artiste japonaise.
J’ai pu en louper, mais ça ne fait pas beaucoup.
Conclusion : visiter le musée Singer Laren en famille, un bon plan ?
En cas de doute, je le redis, j’ai beaucoup aimé ce musée et Nine aussi.
Nous avions fait le choix d’y être pour 10h10 (la réservation par créneau horaire est très fortement conseillée) et nous étions au calme (alors qu’au moment de partir, un peu avant midi, il y avait du monde partout).
Par rapport à nos habitudes françaises, nous avons apprécié le fait qu’un enfant est vu comme un visiteur comme un autre, sans aucune pression envers son attitude, sans vieille femme exaspérée par sa présence trop longue devant une œuvre (si vous ne voyez pas de quoi je parle, emmenez un enfant à une exposition temporaire dans n’importe quel grand musée parisien). La présence du jardin permet aussi de faire une pause bienvenue pour marcher à grand pas ou simplement s’asseoir au soleil.
Enfin, à la boutique, nous avons découvert une carte pour découvrir la ville de Laren sur les pas de ses artistes. Nous n’avions pas le temps de faire le circuit et je le regrette mais cela veut dire que vous pouvez prévoir une journée sur le secteur.
Merci de ton retour et nottament la place des femmes côté expo. Une chouette lecture de bon matin.
Merci. Ma fille challenge vraiment ma façon de regarder le monde mais j’apprécie le résultat.
Une beau musée à découvrir ! De mon côté, j’aime beaucoup les tableaux de Van Gogh. J’ai eu la chance de voir un des tableaux « Les Tournesols » à la National Gallery de Londres. Il est tellement lumineux.
Je suis désolée de répondre si tard, je n’ai jamais reçu les notifications des derniers commentaires.
Mon tableau préféré de Van Gogh reste celui de la nuit étoilée, cela fait très cliché, mais il y a une certaine magie qui m’attire.