Souvenirs de rencontres et d’échanges parfois surréaliste, en raison le plus souvent de la couleur de ma peau ou de mon sexe. Blanche, pâle (je ne bronze pas vraiment), femme, aux cheveux clairs, grande, avec des yeux bleus…
Devoir sourire avec émotion à un marié que je ne connais pas
Je vous ai raconté il y a peu le mariage indien en Malaisie où j’étais invitée. J’ai oublié un détail. Les mariés était une indienne malaise et un grand gars britannique. J’étais (indirectement) invitée par la famille de la mariée. Mais le marié n’avait pas de famille pour participer à la cérémonie. Les parents de mon namoureux, seuls occidentaux de l’assistance, ont donc tenu ce rôle. Je me suis ainsi retrouvée à accueillir les invités avec un plateau à encens, à disposer des trucs sur l’autel de la cérémonie. A la fin de la cérémonie au temple, j’ai du dire au revoir à mon beau-frère tout juste marié qui s’éloignait dans sa voiture sous le regard d’un caméraman professionnel qui trouvait que mes belles-sœurs et moi ne mettions pas assez d’émotion..
Un gars que je n’avais jamais vu avant et avec qui j’ai échangé trois mots !
Se faire tirer les cheveux et pincer les fesses
Premier jour au Togo, je me rends au marché avec les autres volontaires. Quatre françaises en balade dans un petit village, ça se remarque très vite. Tout le monde veut nous serrer la main et régulièrement tandis que ma main est prisonnière, certains en profitent pour frotter mon bras et vérifier que ce n’est pas du fond de teint ou de la peinture. Par la suite, pour gagner du temps et du confort, je ne ressortirai plus dans des lieux publics les bras nus.
Dans un village encore plus petit et à l’occasion d’une crevaison, nous discutons avec les villageois de tout, de rien. Les femmes arrivent, elles veulent absolument toucher nos cheveux (les tirer), car il paraît que les blanches portent toutes des perruques.
Enfin en boîte de nuit, si mes cheveux et mes bras sont tranquilles, dans les toilettes des dames, je me fais pincer et tâter les fesses. Trop plates !
Mannequin d’un jour ou d’un mois
Retour en Malaisie, cette fois-ci dans les lieux touristiques. Autant à Kuala Lumpur j’ai eu la paix, autant à Penang et Melaka, je me suis retrouvée très souvent devant les appareils photos des autres. Bizarre et dérangeant comme idée.
Au Japon, j’ai été éclipsée par ma fille. Elle est devenue à son tour le sujet d’attraction de toutes les femmes des environs et nous avons vu plus d’un appareil photo se tourner vers elle (plus ou moins discrètement). Les gens s’adressaient à nous, juste pour toucher et photographier cette petite fille occidentale. En Tunisie, je ne pense pas qu’elle a été prise en photo, mais elle a été énormément saluée (en lui serrant la main, mélangeant les cheveux, etc).
Être ignorée
Plus délicat et sans lien avec ma couleur cette fois-ci, le professeur en charge des cours de français de l’école de Kyzyl-Dobo au Kirghizstan ignorait royalement l’existence des autres femmes enseignantes. Comprendre sa propre femme et les deux volontaires françaises présentes. Ainsi pour le spectacle de fin de session, impossible d’avoir le jour, l’heure, le programme. Nous pensions avoir en tant que prof s’occupant à 100 % des cours notre mot à dire. Vaste blague dont nous ne prendrons conscience que le jour du spectacle.
Se fondre dans la masse
Au Luxembourg, on me parle Luxembourgeois. En Allemagne, on me parle allemand. Et en Suède, mes interlocuteurs hésitaient. Se fondre ainsi dans la masse est souvent utile, on me laisse tranquille. D’un autre côté, je suis aussi interpellée pour les pétitions, les sondages et les dons aux associations.
Ne pas avoir le droit de sortir seule
Un dimanche matin au Togo, je n’avais qu’une envie, être seule. Je suis donc sortie de chez nous et j’ai pris le premier sentier que j’ai trouvé. Tout de suite, un jeune homme (son nom m’échappe) qui nous rendait de nombreux services passe à côté de moi. Il est en scooter avec un vieux du village derrière lui. Hors de question que je sois seule. Le jeune homme hésite, palabre avec le vieux qu’il a pour mission de conduire boire un verre. Finalement, ils tombent d’accord. Si le but est que je me promène, alors ils m’emmènent avec eux. D’abord boire un verre avec le vieux, puis saluer tous les amis de celui-ci.
À ce stade, soit je les accompagnais, soit je rentrais à la maison. J’ai passé l’une des meilleures matinées de mon séjour.
Et vous, votre physique vous a-t-il apporté quelques surprises en voyage ?
Il est vrai qu’avoir la peau, les cheveux et les yeux clairs attire l’attention des locaux dans les pays où les carnations sont différentes… Je ne compte plus le nombre de fois où nous avons été sollicités pour des photos en Inde par exemple (et ailleurs lorsque nous croisions un groupe d’Indiens… ;-))
Le fait d’être femme en voyage est à double tranchant je trouve… A la fois cela a parfois des avantages (j’ai notamment trouvé à me loger chez l’habitant(e) plus facilement), et à la fois je me suis fait enquiquiner en Inde… Il est vrai que c’est un pays où la situation des femmes est particulièrement désastreuse.
Je suis d’accord, c’est vraiment à double tranchant et en avoir conscience permet de limiter les risques (existant partout) et d’être prête à profiter d’expériences et de rencontres incroyables. Nous avons la chance de pouvoir entrer dans certains cas dans les lieux réservés aux hommes (bon moi j’ai du mal à m’imposer mais c’est possible) et dans les lieux réservés aux femmes. Or les hommes qui voyagent n’iront jamais dans la seconde catégorie (ou pas avant un paquet d’années).
En chine ou en Indonésie, c’est la même chose pour les blancs, il ne suffit pas des fois d’être une femme!
Lorsque j’étais en Afrique du sud, j’étais parti visiter un village zulu et à ma grande surprise. Il avait l’air amuser de voir une asiatique :D.
Attention, tu te retrouves à parler au féminin !
Je n’imagine même pas les réactions face à une personne très blanche et rousse. Là, peu importe que l’on soit femme ou homme.
En Asie, mon mètre quatre-vingt-dix amuse, fascine. Les gens discutent entre eux de combien je peux bien mesurer puis me demande, essayent de monter leurs épaules à la hauteur des miennes. On veut aussi évidemment être pris en photo avec moi. Évidemment, les Occidentaux de grande taille ne sont pas les seuls à avoir droit à la petite séance photo, mais j’y ai droit un peu plus 🙂
Finalement entre la taille, les cheveux et la peau, tout est prétexte pour prendre les touristes en photos en Asie !
Outch bien contente de ne pas avoir vécu certaines expériences… A Taïwan, j’ai eu l’impression d’être une extraterrestre : généralement la seule blonde aux yeux bleus (ma grande a les yeux clairs mais elles ont les cheveux foncés), facile pour les miens de me repérer mais j’attirais régulièrement les regards… Certains curieux et d’autres moins agréables… Dans un métro quatre yeux inquisiteurs et peu aimables semblaient me décortiquer, un peu déstabilisant. Mais les taïwanais sont des gens généralement gentils, certains sont très accueillants et la jeune fille que nous avons accueillie nous avait expliqué que pour les taïwanais une peau très claire (blonde on est rarement bronzée ;)) et des yeux européens étaient des gages de beauté 😉 En tout cas c’est une impression vraiment étrange que j’avais oubliée jusqu’à la lecture de ton article !
C’est étrange comme les cheveux changent tout. En même temps on est plus visible. Et heureusement en Asie, la plupart des gens sont effectivement très gentils.
J’ai pris beaucoup de plaisir à lire ton article, merci de nous avoir partagé toutes tes expériences. En tout cas, ça m’était déjà arrivé une fois, quand je suis allé faire un voyage professionnel, dans la partie de l’Afrique du Sud. Tout le monde me regardait comme si j’étais une extraterrestre, mais bon, j’étais tellement satisfaite d’avoir rencontrer ces gens. En plus d’avoir découvert leurs coutumes, c’était une belle expérience.
Disons qu’il est préférable de s’y attendre, de s’y préparer, mais pour rien au monde je cesserai de voyager à cause de ma couleur de peau ou de ma position de femme.
En Malaisie, je n’ai jamais spécialement eu de problèmes parce que j’étais blanche ou parce que j’étais une femme. En Inde, pas partout, et uniquement dans le nord, j’ai eu des mains aux fesses, même avec mon conjoint à mes côtés. Ca passe pas. Parfois, on refuse de me parler parce que je suis une femme et que je suis blanche. Ce n’est pas arrivé souvent, mais c’est arrivé. Mon conjoint n’a jamais eu ce problème. Il y a certains indiens très racistes qui partent du principe où ils peuvent doubler des blancs dans une file d’attente parce que de toute manière ils sont mieux que nous. Ca aussi c’est rare mais ça arrive. Toujours en Inde, les photos… On est blancs, on est pris en photo: selfies, photos de groupe, photos de nous seuls (là, ça fait un peu bizarre). Et la pratique qu’on déteste le plus: la photo sauvage quand on nous demande pas notre autorisation pour nous prendre en photo. Il y a une paire d’indiens qui se sont retrouvé avec deux blancs faisant des doigts d’honneur sur leur téléphone…
Dans le sud est de l’Asie, je crois que je n’ai jamais eu de soucis. (Je ne vais pas m’en plaindre…) Il y a des coins où je ne vais pas aller me promener seule le soir mais c’est comme partout, même en Europe 😉
C’est effectivement une question qui se pose également en France. Depuis la publication de mon article, je suis retournée en Malaisie et même si c’était une escale avant d’aller au Cambodge, je n’ai pas été prise une seule fois en photo !
Les choses évoluent peut-être dans certains pays avec le temps…
J’ai lu vos différents commentaires. Ce que vous avez vécu est exactement ce que nous » noirs « nous avons vécu dans les années 60 – 80 en France où on essayait de toucher vos cheveux, votre peau. Vous dévisager dans la rue, épier au restaurant pour voir comment vous mangez! Dès fois c’est une simple curiosité, dès fois c’est pire. Mais c’est humain ! C’est incommodant bien sûr mais il faut comprendre que dans les pays où vous allez , on aime bien toucher les gens qu’on aime ou qu’on apprécie. C’est inhabituel pour un Européen. Merci
J’ai essayé d’écrire sans juger, de juste raconter mes expériences, car effectivement je n’ai aucune idée de tout ce qui se joue culturellement derrière.
Par contre ce que vous racontez me fait penser à ce que me raconter un jeune noir vivant en Allemagne (ex-Allemagne de l’Est). C’est étrange de ce dire que c’est une histoire aussi récente en France. Mais les zoos humains n’ont qu’une centaine d’années !