Enfant polyglotte, oui mais comment ?

Tandis que j’apprends très difficilement le japonais, jongle avec l’anglais au quotidien, bosse dure pour être une super prof de FLE (français langue étrangère) et rêve de me remettre à l’italien, je me pose pas mal de questions sur les possibilités d’initier ma fille d’un peu plus d’un an à notre monde polyglotte.

Je connais la théorie et les différents courants en vogue. L’importance qu’une langue soit utile, le besoin d’être exposé environ 30 %, « one person, one language » (dit OPOL), etc, etc, etc. Je lis des articles sur le sujet et je suis avec beaucoup de curiosité des blogs où les enfants parlent deux à quatre langues. Je suis sidérée quand j’entends des parents étrangers ne pas savoir quelle langue parler avec leurs enfants, l’instituteur ayant intimé le français à la maison. Je suis intarissable sur le sujet et j’évite donc de l’aborder sous peine de faire fuir mon entourage.
Je suis même en train de créer des cours pour enseigner le français à des enfants via internet en me focalisant sur la motivation, la conscience de l’autre, l’utilité concrète d’un tel apprentissage (il y a beaucoup de principes d’éducation différents qui influencent ma réflexion).

Mais dans la réalité, et en dehors d’une famille bi-culturelle et bilingue, quelles sont les possibilités pour les enfants d’apprendre les langues étrangères ? Non pas pour en faire un monstre de foire savant, ni pour lui assurer une place dans une grande école, mais pour l’initier à la variété des langues, des tons, des sons qui peuplent notre monde. Pour ne pas la voir faire cette tête de dégoût que j’aperçois dans le métro quand un étranger (de préférence à la peau foncée, la grande blonde peut parler islandais/russe sans rien provoquer d’autres que du désir/de la jalousie) parle une langue inconnue. Pour lui faire comprendre que la discussion entre individus ne passent pas que par des mots. Pour lui faire remarquer que notre étranger dans le métro (toujours celui à la peau foncée) mêle des mots de français à son discours.

Les questions tournent, sans véritable réponse, sans d’autres idées que d’expérimenter et faire de notre mieux. Mais par où commencer ? Avez-vous tenté d’enseigner une langue étrangère à votre enfant, sans qu’elle soit votre langue maternelle ? Avez-vous choisi l’option baby-sitter/fille au pair étrangères ? Je serai ravie de lire vos avis sur la question, votre expérience ou vos souvenirs. Merci d’avance.

7 commentaires Ajoutez les votres
  1. Bonjour,
    Eh bien non, je n’ai jamais essayé d’enseigner une langue étrangère à mon fils, ça s’est fait tout seul. Il faut dire bien sûr, qu’il est né en france, que lorsqu’il avait deux ans nous sommes partis pour le panama où nous sommes toujours, et il a à présent 21 ans. Evidemment, sur place il a appris l’espagnol. Il a fait sa scolarité primaire à l’école française, puis est passé à un collège local où l’enseignement était bilingue espagnol-anglais. Ce qui fait qu’il est parfaitement trilingue, sans aucun problème.
    Il faut dire aussi que sa mère est panaméenne et que pour le début nous avons fait attention a bien séparer les langues et les personnes pour ne pas créer de confusion dans son esprit, c’est à dire que je lui parlais en français et sa mère en espagnol.
    C’est pour cela que je crois qu’il est essentiel pour les jeunes enfants de bien établir une distinction langue/personne, donc votre option fille au pair me parait intéressante.
    Par contre, j’ai connu le cas d’amis étrangers vivavt en france dont la mère était colombienne et le père grec, qui ne faisaient pas la séparation, et l’enfant construisait des phrases mélangeant les trois langues, ce qui bien sûr crée un retard dans la pratique correcte des langues.
    Voilà donc mon expérience.

    1. Merci beaucoup pour ce témoignage intéressant. Il est vrai que la solution la plus facile à mettre en place est d’être un couple biculturel.

  2. Bonjour,

    je me pose la même question (mais quelques années plus tard :-)). Avez-vous, désormais avec du recul, des pistes à partager? des trucs qui ont fonctionné et ceux peut-être qui n’ont pas marché?
    Pour ma part, j’élève mon fils en France, il a bientôt 3 ans et a bénéficié de 4 mois à 2 ans de l’espagnol grâce à sa nounou d’origine péruvienne. Depuis son entrée au jardin d’enfants, je reste la seule source d’espagnol car mon mari non plus ne parle pas espagnol.
    Je me suis donc lancée depuis 9 mois dans l’apprentissage de l’espagnol afin de prendre le relais….sachant que je n’avais aucune notion de cette langue auparavant. Je tente donc de courir afin d’adapter mon vocabulaire au niveau de celui de mon fils, ce qui est déjà largement suffisant pour mon tout petit niveau.
    J’ai découvert une collection de livres pour enfants bilingues, je traduis par ailleurs tous ses Tchoupi et je lui passe certains dessins animés en espagnol…mais je me disais justement que j’aimerais le baigner d’avantage dans un monde bilingue….comment faire??? Si vous avez une solution, je suis preneuse.

    1. Bonjour,
      C’est toujours une source de réflexion pour moi. j’ai d’ailleurs rédigé deux articles du magazine « Grandir autrement » que je vous conseille (il doit être possible de le commander au numéro en ligne).
      De ma propre expérience, qui ne fait que confirmer les études sur le sujet, il faut un besoin impératif, une nounou qui ne parle qu’espagnol (et ne lui répond que s’il parle en espagnol, sinon il parlera très peu mais comprendra très bien), des amis qui ne parlent qu’espagnol, des voyages réguliers pour une immersion, etc.
      C’est ce qui fait que chez nous, c’est la cata. Ce n’est pas très grave, mais je suis déçue car je n’ai pas réussi à trouver de baby-sitter parlant suffisamment italien pour prétendre ne pas parler français. Du coup ma fille a tout oublié, comme si elle n’avait jamais été capable de comprendre tout ce qui se disait autour d’elle (en Sicile, les locaux + une baby-sitter ont boosté sa compréhension).
      Vous pouvez peut-être voir s’il y a une communauté hispanophone vers chez vous, ou vous inscrire sur un site comme couchsurfing pour recevoir ponctuellement des touristes. Pas de solution miracle, bon courage à vous, et n’hésitez pas à me faire connaître votre évolution à tous les deux.

  3. Nous sommes un couple français et mon mari est d’origine espagnole. Il parle avec nos deux filles en Espagnol. Nous sommes allés vivre de 2011 à 2013 en Castille. Les filles étaient parfaitement bilingues. Au retour en France, mon mari est parti travailler à l’étranger. La dernière qui avait alors 5 ans a oublié l’espagnol. J’ai dû m’y remettre et lui parler les deux langues. Nous somme repartis tous ensemble au Brésil. Mon mari leur a fait pendant un an des cours d’espagnol écrit/oral et le tout est revenu pour la dernière. Cela fait un an que nous vivons au Brésil. Elles ont 9 et 7 ans et sont trilingues français/espagnol/portugais. Nous venons de les mettre à l’école américaine où elles apprennent l’anglais depuis un mois. Pour l’instant, cela ne donne rien mais il semblerait que c’est une histoire de quelques mois. Voilà mon expérience. Le retour en France sera compliqué pour maintenir les quatre langues mais avec des associations étrangères, je pense que l’oral doit être possible.

    1. Merci de votre témoignage.Pour le retour en France, il y a les associations, mais aussi skype (pour garder contact avec les amis tout là-bas), les vidéos sur youtube et les livres. Je connais ainsi des mamans françaises qui vivent à l’étranger et qui abonnent leurs enfants à des magazines (ou demandent à de la famille de faire des envois de temps en temps) pour que les enfants puissent lire sur tout et n’importe quoi (ou presque) dans leur langue minoritaire.
      C’est une belle chance pour vos filles en tout cas.

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