Ce séjour au Cambodge s’est déroulé en octobre-novembre 2017
Notre séjour au Cambodge a eu son lot de petites péripéties qui font le charmes des souvenirs. Ainsi nous avons eu le droit à un petit moment de panique, quand à l’aéroport de Sihanoukville, la charmante hôtesse nous a annoncé que non, franchement, nous n’étions pas inscrits sur la liste des passagers…
Pour autant, notre souvenir le plus mémorable, notre plus belle galère, est quand nous avons compris que nous n’irons jamais dans le plus bel hôtel que nous avions réservé, un projet alternatif engagé auprès des populations locales, ressemblant plus à une chambre d’hôtes qu’à un hôtel
Retour en arrière.
C’est sans aucun retard de vol que nous sommes arrivés à la fin de la saison des pluies à Phnom Penh. L’arrivée sur la ville était absolument incroyable à découvrir par le hublot car tout était inondé et il était difficile de distinguer les zones d’habitation des lacs et rivières. La traversée de l’aéroport s’était faite au sec et nous nous sommes simplement arrêtés devant un rideau d’eau, encadré de toute part de chauffeurs de taxi.
Nous souhaitions aller à Kampong Cham, une ville située au nord de Phnom Penh, à environ 3 ou 4h de route. Nous avions deux nuits d’hôtel de réservées et il ne nous restait qu’à trouver un taxi. La fatigue et la chaleur n’aidant pas, l’accord fut vite conclus, plus cher que prévu, mais peu importait.
La sortie de la ville fut longue. De l’eau s’infiltrait littéralement sous mes pieds (j’étais assise à l’avant). Il y avait du monde partout, de l’eau partout, de la ville partout. On assista à la sortie de l’usine textiles des femmes, aux jeux des enfants.
Et on roula, roula, roula.
Au bout d’un long moment je me surpris à admirer les montagnes, pensant à celles situées au sud du pays, la Chaîne des Cardamones. Nous commencions tous à nous demander pourquoi nous n’étions toujours pas arrivés et le paysage ne répondait pas à nos attentes.
Alors au moment d’une pause, mon amoureux sortit notre plan et demanda au chauffeur de nous montrer où nous étions. Il ne reconnaissait rien et ne parlait presque pas anglais.
Je stressais et je me demandais comment j’avais fait pour embarquer tout le monde dans cette galère. Je me sentais totalement responsable ayant choisi l’hôtel et discuté avec le « chef » des chauffeurs de taxi. Je n’avais pas peur d’une arnaque, mais quelque chose n’allait pas.
Notre chauffeur s’en rendit compte, il commença à me donner tous les noms qu’il connaissait sur la route, nom de l’autoroute, de la province, de la prochaine ville. Je ne reconnaissais rien.
Et puis finalement, il me montra un embranchement : « here Kampot, there Sihanoukville ».
Deux villes du bord de mer, deux villes totalement au sud par rapport à notre destination.
Je lui redemanda « Kampong Cham », il me répondit «yes, yes, Kampong Cham, Sihanoukville », je redis « no Sihanoukville, just Kampong Cham ».
Là il comprit que nous n’allions pas au bon endroit mais il ne savait toujours pas où nous voulions aller. Alors il s’arrêta et je lui montrai une autre carte avec certains noms en khmer. Je pointai Kampong Cham. Il pointa Kampong Som… l’ancien nom de Sihanoukville qui n’était plus qu’à 1h de route de nous.
Le khmer est une langue merveilleuse multipliant les nuances avec des subtilités absolument inaudibles pour les touristes fraîchement arrivés que nous étions.
L’erreur fit beaucoup rire le chauffeur qui me cita tous les Kampong du pays, Kampong Cham, Kampong Som, Kampong Tom…
La suite m’obligea à échanger au téléphone avec le boss du chauffeur qui ne pouvait rien pour nous, puis nous obligea à entrer dans un hôtel parfait (cher, avec de la musique électro à fond et des gens bien trop peu vêtus) pour finalement dormir à cinq dans la même chambre d’un hôtel en principe strictement réservé aux Khmers.
Le restaurant juste en face nous offrit le WiFi nécessaire pour l’achat de billets d’avion pour le lendemain matin, direction Siem Reap.
Et au cours du dîner on découvrit que l’hôtel initialement prévu avait proposé de venir nous chercher à l’aéroport mais que mon beau-père n’en avait pas vu l’utilité et avait refusé.
D’un coup, je n’avais plus l’impression d’être la seule responsable de notre détour.
Le lendemain matin, nous eûmes juste le temps de flâner au bord de la mer et de nous voir offrir (selon notre âge et notre sexe) happy beer, drogue ou massage privé. Puis le chauffeur de taxi qui nous conduisit à l’aéroport nous fit une petite leçon sur l’amitié entre chauffeur et policiers (nous n’avions donc pas « besoin » de mettre notre ceinture de sécurité, car il connaissait les gars à cet endroit-là…). Et enfin l’hôtesse chargée de l’enregistrement des passagers ne nous trouva pas sur son listing (imprimé) alors que nous avions en main tous les documents prouvant notre réservation. Heureusement un responsable nous « retrouva » et c’est avec soulagement que nous prîmes tous place dans l’avion.
Je vous dirai bien qu’en arrivant à Siem Reap les vacances purent enfin commencer. Mais finalement, ce petit détour nous offrit un aperçu sur une réalité du Cambodge que nous aurions totalement ignoré en restant dans notre itinéraire confortable. Alors oui, je regrette un peu le superbe hôtel que j’avais trouvé à Kampong Cham, mais je ne regrette en rien notre aventure.
Même si on n’est pas forcément ravi en direct, ce genre de mésaventure, ce sont des histoires qui restent et que l’on raconte ensuite en riant généralement de bon cœur 🙂
Sihanoukville, c’était déjà un peu étrange quand j’y suis passé il y a maintenant pas loin de 20 ans, mais ça semble avoir tourné en un lieu aujourd’hui très très étrange !
Je pense que Sihanoukville est une excellente destination pour des étudiants en tourisme qui cherchent à comprendre les conséquences directes du tourisme, entre les casinos ouverts par les Chinois et interdits aux Khmers, le front de mer bétonné, etc.