Je suis partie à deux reprises dans des missions de volontariat. La première fois j’ai passé un mois au Togo comme professeur de soutien scolaire (niveau collège). La seconde fois j’étais professeur de FLE (français langue étrangère) dans une école primaire au Kirghizstan. Je me suis dit que mon témoignage pourrait intéresser les plus jeunes d’entre vous, ainsi que les parents d’adolescent.
Lors de mon premier départ, je n’avais aucune envie de sauver le monde. Je voulais seulement découvrir l’Afrique sub-saharienne et je n’avais aucune envie de m’y rendre comme touriste. Pour le Kirghizstan, la démarche était un peu différente, je venais de terminer mes deux licences (dont celle de FLE) et j’ai vu une offre pour une mission de prof sous yourte. J’ai tout de suite accepté.
Je sais que le volontariat attire beaucoup de jeunes et rassurent de nombreux parents. Pourtant ils ne s’agit pas de partir en colo, alors voici quelques questions à prendre en compte avant de postuler pour une mission.
Qu’est-ce que le volontariat ?
Être volontaire est faire le choix de travailler à des projets en faveur des autres ou de la planète sans rémunération. Il existe de nombreuses missions : enseignement, animation, aide médical, action environnementale, développement touristique, etc.
Il est possible d’être volontaire pendant un mois d’été mais aussi de 6 mois à deux ans (par l’intermédiaire du service civique qui est l’un des rares à proposer une indemnités).
Enfin des volontaires sont nécessaires dans le monde entier, que ce soit pour aider les plus démunis de votre ville ou au bout du monde.
Dans certains cas, une différence terminologique est fait. Une mission de volontariat dure plus de six mois, tandis qu’un chantier dure 3 ou 4 semaines. On retrouve aussi le terme missions courtes. Enfin le volontaire est l’une des formes de bénévolat.
Ce que n’est pas le volontariat
J’en ai rencontré plusieurs, des jeunes qui pensaient qu’ils allaient sauver le monde ou du moins marquer les esprits. Les volontaires ne sont qu’une goutte d’eau. La plupart du temps, notre action vaut moins que si elle avait été menée par une personne de la région. La plupart du temps personne n’en aura rien à faire.
Un volontaire n’est pas un héros. Il ne sauve personne. Il donne un coup de main et peut-être, se sauve lui-même. Rien de plus. Si vous en doutez, lisez le récit Dark Star Safari de Paul Theroux. Lors de sa traversée de l’Afrique, il se remémore son propre volontariat, rencontre des jeunes en place et évoque la question avec des personnes influentes et africaines de différents pays.
Pourquoi j’insiste dessus ? Car la déception sera grande. Bien sûr une partie de la leçon ne peut s’apprendre que sur place et c’est une bonne leçon. Mais je pense aussi que pour profiter pleinement de l’expérience, il faut dès le départ prendre conscience des limites de la mission en cours.
Pourquoi partir ?
Il y a des dizaines de bonnes raisons de partir. Pour grandir, pour fêter le bac, pour se perfectionner en langue, pour s’essayer à un nouveau métier, pour découvrir un nouveau pays, pour se faire des amis.
Moi je suis partie pour rencontrer des personnes que je pensais ne jamais pouvoir rencontrer autrement. Et j’avais raison, j’ai été logée chez l’habitant au Kirghizstan, j’ai pu assister (discrètement) à une cérémonie initiatique chez les Kabyés (au nord du Togo).
Comment trouver une mission de volontariat ?
Il existe diverses associations avec des idéaux divers et variés, des missions plus ou moins exigeantes et des conditions à lire avec soin. Il est possible de faire du volontariat à partir de 16 ans. Il n’y a pas de limite maximum, même si les plus de 25 ans se font rares.
Les offres de volontariat sont en général disponibles en janvier pour l’été suivant. Il faut alors postuler vite et avec soin. Et surtout, il faut comparer les offres, se renseigner sur les destinations, la place des femmes, la langue, la religion. Il faut réfléchir à ce que l’annonce prévoit et ce que nous sommes prêts à faire.
Voici quelques questions à se poser. Suis-je prêt à vivre en groupe ? Quelles sont mes limites en matière d’hygiène, d’intimité, d’alimentation ? Quelle place à la religion dans mon quotidien ?
Ces questions vous permettront de choisir votre mission mais aussi votre association. Par exemple, j’avais énormément apprécié l’association Soeur Emmanuelle qui au retour impose un week-end de formation retour pour faire le point. Pour moi cela me semblait très important de pouvoir parler de ce que j’allais voir/vivre/ressentir avec des gens qui comprendraient et auraient de vraies réponses.
Quoiqu’il en soit je vous conseille vraiment de vous tourner vers des associations avec de l’ancienneté, de l’expérience et un réseau solide. Je suis partie avec la Guilde du Raid (qui se fait le relais de petites associations mais qui est en permanence disponible et efficace). Je ne citerai aucune autre association, car je ne les connais que de nom et je ne veux pas donner de mauvais conseils.
Quel est le coût d’une mission de volontariat ?
La règle est que le volontaire paye lui-même son billet d’avion et son visa. Ensuite, selon les associations, voir même selon les missions, il y a des frais supplémentaires qui couvrent l’hébergement. Pour les assurances, la nourriture et le transport sur place il faut bien lire les petites lignes pour chaque mission.
Ainsi au Togo, j’ai payé mon billet d’avion, mon visa et j’ai donné un peu pour constituer un pot commun pour les sorties entre volontaires. En effet, une partie des volontaires étaient togolais et ne pouvaient pas payer l’intégralité de leur part. Au Kirghizstan, en échange de notre volontariat, un week-end sur les bords du lac Song-Kül nous était offert en remerciement, transport, logement et nourriture compris. J’étais aussi logée et nourrie.
Et si c’était à refaire ?
Je ne repartirai pas de la même façon au Togo. Je m’inscrirai peut-être à la même mission, mais la personne de l’association manquait de recul et de sérieux. Dans la bibliothèque de l’école, constituée par l’association, on trouvait des Harlequin, des tomes 2 sans aucun signe du tome 1 et très peu de livre à destination d’écoliers !
Au Kirghizstan, je repartirai aussi, mais je me ferai plus confiance. Car mon intuition sur la vie sur place était assez juste, mais je me suis ensuite laissée convaincre par l’association que le russe était préférable au kirghize, qu’il y aurait de l’eau et de l’électricité dans notre logement. Du coup, la surprise était grande à l’arrivée, surprise créée par l’écart entre mes attentes, celles de l’association et la réalité.
Mais c’est aussi ça être volontaire, imaginer quelque chose et découvrir complètement autre chose.
Pour aller plus loin, et surtout si c’est un ado de votre entourage qui aimerait partir, je vous conseille le roman Là où naissent les nuages dans lequel une adolescente par seule faire du bénévolat en Mongolie.
Merci pour cet article très intéressant !
Au plaisir.
C’est une très bonne chose de faire du bénévolat.
Surtout quant il s’agit d’école. Ces pays manquent tellement de ressources… En tout cas votre blog donne envie d’agir, et ça, c’est déjà très positif.
PS : j’ai lu le roman « là où naissent les nuages ». C’est un très beau livre que je recommande également.
Merci. Et je suis contente de voir que je ne suis pas la seule à avoir apprécié « là où naissent les nuages ».
Un article effectivement très intéressant, et les deux titres de livres que tu donnes me font bien envie… Merci pour le partage de ton expérience !
Paul Theroux est un auteur qui se savour et demande un peu de temps, mais chacun de sess titres vaut le coup
Très jolie retour sur expérience. Je pensais le faire mais aujourd’hui c’est plus compliqué avec un logement et un job, on peut difficilement trouver 1 mois sans salaire. Je pense plutôt inscrire mon petit frère (18ans).
Merci pour les conseils
Tout est possible. Lors de ma mission au Togo, j’étais salariée et j’ai pu m’arranger avec mes collègues pour poser un mois complet. Pour le Kirghizstan, la plupart des autres volontaires était prof de l’éducation nationale.
Une chouette expérience. Nous n’avons encore jamais fait de volontariat de ce type. Pour l’instant, seulement du workaway ou du wwoofing 🙂
Il y a vraiment beaucoup de façon de faire, à chacun de trouver celle qui lui convient le mieux.
Tout à fait !
Pour l’instant, on aime beaucoup ce mode volontariat (workaway, wwoofing, etc.), mais on en testera sûrement d’autres à l’avenir si l’occasion se présente 🙂