« Le vodou n’est pas ce que l’on voit et ce qui paraît, il est essentiellement fait de ce que l’on ne voit pas. » Château Vodou, Strasbourg
Le vaudou (pour reprendre l’orthographe française la plus répandue) est un excellent ressort scénaristique pour apporter une ambiance sombre et angoissante. Les poupées vaudou permettent de jeter des sorts à distance et un bon prêtre ressuscite les morts. C’est en débutant l’apprentissage du yorouba, langue principale du Nigeria, que j’ai découvert que le vaudou est une véritable culture et non une fantaisie romanesque comme peuvent l’être les vampires.
C’est pourtant un roman qui a ravivé mon intérêt pour cette culture, à l’approche de Halloween.
Hilde m’a prêté L’emprise de Lwa et autant la couverture que la thématique (du vaudou dans le Paris du XIXe siècle) m’ont donné envie. On y croise deux gentlemans anglais habitués à chasser les démons des rues européennes. Leur route croise accidentellement celle d’un lwa, esprit vaudou en provenance de Haïti (dans le récit), qui n’aura de cesse d’ajouter l’un des deux hommes à sa collection de « zombies » (à défaut de meilleur terme).
Cette lecture ne m’a pas vraiment enthousiasmé, comme j’en parlais ici. Le récit était trop éloigné de l’élégance féminine de la couverture. L’histoire ressemble à une course haletante manquant de profondeur. J’ai aussi eu l’impression d’être au milieu d’un récit, ne lisant que quelques chapitres d’une histoire plus complexe.
Hilde a bien plus apprécié sa lecture et je vous invite à découvrir son avis ici.
Au final, je suis restée sur ma faim. Alors pour compenser je suis allée visiter le Château Vodou, situé juste à côté de la gare de Strasbourg. Et à la dernière minute, mon namoureux et Nine ont décidé de se joindre à moi.
Le château Vodou, collection privée
Je dois dire que j’ai une tendance à me méfier des collections et des musées privés. Ils peuvent offrir le pire comme le meilleur. Et ils ont tous en commun d’avoir un billet d’entrée assez cher.
Autant vous dire tout de suite que nous avons tous les trois adoré notre visite. C’était passionnant et fait dans le plus grand respect du vaudou.
Le musée repose quasiment uniquement sur des objets en provenance de l’Afrique de l’Ouest. Il est installé dans un château d’eau construit lorsque la région était sous administration allemande. La visite se fait en montant progressivement (un ascenseur est disponible), jusqu’à rejoindre l’une des dernières cuves d’eau toujours en place.
L’accueil se fait au rez-de-chaussée avec un fétiche protecteur toujours actif et une initiation à la question de la couleur. L’audioguide est à utiliser dans l’ordre pour avoir la sensation d’être accompagné pas à pas par un guide privé. Et puisque j’avais des écouteurs dans mon sac, Nine et moi partagions le même appareil, avançant ainsi au même rythme.
Le premier étage invite à faire connaissance avec le panthéon vaudou et les principaux symboles. C’est le moment de saluer Legba le messager et Atchakpa le protecteurs des fleuve, mais aussi de comprendre ce que signifient deux poupées qui se tournent le dos ou pourquoi tant de cadenas sont utilisés.
Le deuxième étage évoque le monde des secrets, des ancêtres et des pouvoirs les plus importants. Tout ceci doit rester dans l’ombre et la lumière est totalement tamisée (d’où l’utilisation du noir et blanc pour mes photos de cette section). De grands canapés noirs invitent à prendre place, l’écoute des explications se faisant alors plus facilement.
Enfin le dernier étage présente des costumes des sociétés secrètes (masque + vêtement) ainsi que des installations temporaires. La lumière et les couleurs sont de retour, de façon éclatante mais aussi un peu déroutante.
Nous avons fait toute la visite avec l’aide d’un audioguide, au discours clair et accessible de tous (Nine a écouté 75 % des textes avec moi, sans avoir besoin de compléments). Il y a également du texte à plusieurs reprises sur les murs et quelques vidéos. L’audioguide est vraiment nécessaire pour profiter pleinement de la visite.
Nous avions aussi un livret découverte (pour enfant à partir de 7 ans) qui apporte des informations en plus de l’audioguide et qui oriente le regard directement sur certaines pièces. Il est possible de remplir le livret sans utiliser l’audioguide. La visite sera alors beaucoup plus courte.
Notre avis sur le château Vodou
Il est annoncé une visite moyenne d’une heure, nous y sommes restés presque deux heures. Ayant chacun profité des lieux de façon différente (avec l’audioguide en priorité, avec les textes ou avec le livret) à l’issu de la visite, nous avions tous des choses à raconter aux autres.
J’ai trouvé que c’est un musée très centré sur les objets. On y découvre leur provenance, leur utilisation, les matériaux les constituant et la symbolique qui y est associée. Mais j’aurai apprécié une approche plus ethnographique, plus humaine. Qui consulte les bokono (prêtres) ? Dans quelle mesure ces pratiques sont encore répandues ? Et même comment le vaudou haïtien et celui de Louisiane se démarquent de celui pratiqué en Afrique de l’Ouest ? J’ai tendance à vouloir en savoir toujours plus.
D’un autre côté, puisque je ne connaissais que peu de choses sur cette culture, j’ai énormément appris. Tout est fait pour que les novices et les curieux puissent en profiter pleinement, y compris les enfants qui arrivent avec absolument aucune connaissance.
Côté pratique :
le musée est à 10 minutes à pied de la gare de Strasbourg. Les horaires et tarifs sont disponibles sur le site du château Vodou.
Mon entrée m’a été offerte, mais pour mon amoureux et ma fille, cela faisait 19 €.
Au fait, vaudou, vodou ou voodoo?
J’allais oublier de répondre à cette question. L’orthographe varie avec le contexte. En Afrique de l’Ouest on parle de vodou ou de vodoun. À Haïti, on écrit vaudou, de là vient le terme vaudouisme. Et en anglais, on écrit voodoo.
Pour plus de détails sur la question, je vous conseille cet article.
Cet article est également l’occasion pour moi de participer à la farandole d’articles publiés à l’occasion du challenge Halloween.
Merci pour la visite qui m’a effectivement l’air passionnante ! Il ne nous manque plus que l’audioguide…
Il y a déjà beaucoup d’informations à piocher sur leur site internet et des photos sur leur compte instagram, à défaut de pouvoir venir en Alsace prochainement.
Ouah toute une magnifique expo didonc…oui cela va se terminer bientot j’imagine ?….cela me tenterait….mais en fevrier 2020….;)
C’est un musée permanent. Si j’ai bien compris, seul le 3e étage évolue au gré des installations. Mais tout le reste sera là en février prochain !
Une belle expérience! Je serais curieuse de découvrir les objets de ce musée. J’ai toujours été un peu fascinée par la culture vaudou. Je ne sais pas si tu as eu l’occasion de jouer à Gabriel Knight « Sins of the fathers », ça se passait à la Nouvelle-Orléans, et on y abordait justement les pratiques vaudou, ça m’a marquée.
Concernant la lecture, j’ai eu l’impression aussi qu’il manquait des chapitres et un bout de l’histoire mais j’ai aimé les scènes d’action et surtout la scène du cimetière ainsi que la scène finale.
Je ne connais pas le jeu Gabriel Knight, enfin juste de nom, car je n’ai pas beaucoup de patience pour les point&click. Mais les quelques images que je viens de voir sont très alléchantes.
Je trouve que le vaudou est souvent abordé dans sa dimension américaine, du coup la visite du musée était encore plus intéressante car très enrichissante pour moi.
Visite très originale et je te le confirme car j’ai la même impression : les musées privés sont généralement très chers et pas bien grands ….
Là, il y a tout un château d’eau, donc c’est assez grand (ce n’est pas immense non plus) et du coup satisfaisant. D’ailleurs si j’ai bonne mémoire, nous avons visité ensemble un château privé dont l’état était assez catastrophique. J’y pense à chaque fois que je vois la mention « privée ».
Heureusement que ma curiosité est la plus forte !
Bonsoir, je crois que je serais assez mal à l’aise dans les salles de cette expo… Ça fait peur quand même !
Et pour le livre, je ne suis attirée que par la couverture !
En dehors de la salle plongée dans la pénombre, au contraire c’est très lumineux, très positif. Et même dans la pénombre, c’est très sobre.
Au musée du Quai Branly, je n’ai pas pu visiter la section dédiée à l’Afrique car ma fille était très mal à l’aise (c’était il y a un an). Ici, aucun soucis du tout.
J’avais été en contact avec la culture vaudou au Bénin et plus particulièrement à Abomey où c’est omniprésent. De toute évidence, cette collection privée semble mettre bien plus en valeur les objets qu’au musée d’Abomey qui était malheureusement en assez triste état.
Comme souvent malheureusement, j’ai oublié en grande partie ce que j’y avais appris (triste mémoire), mais j’avais trouvé ça assez fascinant (bon, je n’ai pas non plus été envoûté 😉 )
Je ne pensais pas la culture si omniprésente (je ne connais que le Togo dans cette région du monde) sur place, mais peut-être est-ce une spécificité d’Abomey et de son statut d’ancienne capitale ?
Et comment peux-tu être sûr de ne pas avoir envoûté ? J’ai justement vu des objets qui empêchent les personnes de parler (très demandés lors de procès parait-il)…
Arf, me voilà donc démasqué 😉