Au départ Besançon n’évoquait dans mon esprit que la Franche-Comté et le fromage. Autour de moi, le mot « citadelle » revenait telle une incantation que toute maman se doit de connaître. Mais ce qui m’a totalement convaincu, c’est une photo trouvée par hasard sur pinterest d’une statue d’Ousmane Sow.
Saviez-vous que Victor Hugo est né à Besançon ? Il n’y est pas resté longtemps et c’est Paris la ville de son enfance et probablement de son coeur. Peu importe, la maison où il vit le jour est toujours là et a été transformée en musée. J’ai donc jugé qu’il était grand temps que ma fille de 4 ans découvre Victor Hugo. Nous avons discuté de lui, de ses poésies, de sa vie. Elle a pleuré la mort de Léopoldine. Elle a décidé de retenir que c’était un super grand-père qui aimait jouer (grâce au livre Chanson pour faire danser les petits enfants et autres poèmes).
Je savais que le musée de Besançon est dédié aux combats politiques de Victor Hugo, à ses idéaux. Quelques jours après les attaques sanglantes sur Paris, c’était une belle opportunité d’évoquer les façons de défendre ses idées.
Je craignais un musée austère et j’avais raison. Le musée n’est pas fait pour les petites filles de 4 ans qui ne savent pas lire.
Peu importe, car une autre figure artistique dominait la préparation de notre voyage, Ousmane Sow. En ce moment nos amis Sacha et Laurence sont au Sénégal. Ce voyage donne vie à un coin de l’Afrique et Ousmane Sow nous reliait à eux. Né à Dakar, il y passa toute son enfance avant de faire ses études et une grande partie de sa vie professionnelle en France. J’aime son travail, sans l’avoir jamais vu ailleurs qu’en ligne.
J’avais donc noté dans mes indispensables à Besançon sa sculpture en bronze L’homme et l’enfant sur le parvis du Glacis (juste devant la gare en fait).
Quoi de mieux que l’attente pour savourer pleinement une œuvre. C’était notre toute dernière étape, une heure avant de monter dans le train. De peur de me perdre, j’avais demandé mon chemin. La première personne ignorait tout d’une telle statue. La seconde nous dirigea avec précision et s’éloigna avec une phrase bien énigmatique aux oreilles de Nine : attention, l’enfant est bien caché.
C’est en courant qu’elle rejoignit la statue. C’est en criant qu’elle trouva l’enfant, ou plutôt ses pieds. « Elle est très très très belle » me dira-t-elle en regardant les photos quelques jours plus tard.
« L’enfant a peur alors l’adulte le protège et le cache comme quand maman me cache les yeux quand j’ai peur, mais lui, il le fait avec son manteau. On ne voit que les pieds de l’enfant à côté des pieds du papa. »
Cette statue, nouveau monument aux morts de la ville, nous rappelle que le devoir d’un soldat est de protéger. Ousmane Sow déclara lors de l’installation de l’oeuvre : « l’enfant qui a été protégé, protégera ».
Ce que j’ignorais, c’est qu’Ousmane Sow est doublement lié à Besançon. En effet, à l’occasion du bicentenaire de la naissance de Victor Hugo, la ville a souhaité installer une statue de l’écrivain. Ce fut finalement un bronze de Victor Hugo réalisé par Ousmane Sow, qui fut installé sur la Place des Droits de l’Homme.
L’homme est stoïque, il a les bras chargés de fleurs, hommage aux victimes des attaques parisiennes. Nine trouve qu’il ne fait pas encore grand-père. C’est plutôt un homme qui va à un mariage et apporte des fleurs selon elle.
Elle insiste pour le prendre elle-même en photo. Elle lui tourne autour et s’éloigne pour le faire entrer dans le cadre. Nous réfléchissons ensemble au choix d’une statue en bronze alors même qu’Ousmane Sow travaille beaucoup la terre. Nous prenons notre temps, avant de nous laisser aspirer par l’ambiance de Noël dans les rues adjacentes.
Bien sûr nous avons fait bien d’autres choses pendant notre balade et je vous raconterai tout en détail. Mais je pense qu’il y a deux hommes que ma fille ne va pas oublier tout de suite, un parisien et un dakarois, lié par Besançon.
Tes articles mes font découvrir des coins de France que je ne connais pas, alors merci pour ça 🙂
J’ai découvert Ousmane Sow lors de son expo sur le pont des arts en 1999, j’étais alors adolescente et c’était ma prof d’arts plastiques qui m’avait parlé de cet artiste… J’avais été conquise par la beauté de ses statues. Celle que tu montres à Besançon est superbe, j’irai la voir lorsque mes pas me mèneront là-bas.
Bon en ce moment c’est très France-Comté et sud de l’Alsace, mais cela peut-être tout aussi exotique que d’autres coins d’Europe 😉
Je n’avais jamais vu autrement qu’en photo le travail d’Ousmane Sow, mais c’est deux statues ont une vraie prestance, elles valent vraiment le coup d’oeil en vrai.