Manufacture Métis : éloge de la lenteur

Le tissu n’est pas un sujet noble à moins de l’utiliser pour faire des défilés des mannequins habillés par les plus grands noms d’une industrie élitiste. Moi ce que j’aime, ce sont les tissus et les métiers du quotidien. En réalité, ce sont des éléments qui n’existent plus vraiment, puisque les machines d’Asie du sud remplacent l’artisanat et que la production est mondialisée. Il est trop facile d’acheter à quelques minutes de chez soi un tshirt vendu à l’identique aux quatre coins du monde.

Du moins, c’est la vision que j’avais des choses. J’avais l’impression que soit on a des artisans qui font tout à la main (et il y en a encore quelques-uns en France), soit on a des machines industrielles installées loin. De l’artisanat qui peine à faire vivre des passionnés ou de la fast fashion invisible.

Pourtant du côté de Montbéliard, la manufacture Métis m’a offert une autre vision de l’industrie textile. Un pied dans le passé, des machines magnifiques, des fils partout et des tissus plein de promesse (bien que haut de gamme).

C’est en 2014, à Étupes, que Cédric Plumey a fondé son atelier, la manufacture Métis. Pour travailler, il a récupéré de vieilles machines textiles, des objets oubliés, délaissés, qu’il a rénovées et surtout qu’il a apprivoisées. Ainsi celle qui sert de première illustration à mon article date de 1976 ! Le principe est toujours celui de la machine à tisser manuelle. Il est donc nécessaire d’installer à la main tous les fils, dans le bon ordre, pour obtenir un motif précis. Ensuite, la machine fait le reste, pas toutes à la même vitesse, ni exactement de la même façon. Le bruit de certaines est assourdissant, le passage de la navette est captivant.

bobines de fil manufacture Métis
Machine pour fabriquer du tissu
Navette en métal de métier à tisser
trame de tissu blanc

L’un des clients de l’atelier est l’office de tourisme de Montbéliard. La patience du jeune homme, la possibilité de créer avec les fils et les couleurs de son choix, ont permis de redonner vie à la verquelure. Initialement ce tissu qui a vu le jour au Moyen-Âge était en chanvre. L’important est surtout dans le motif, des carreaux constitués de l’alternance de trois couleurs (blanc, bleu et rouge garance). Enfin l’important… j’aime l’idée que ce tissu traditionnel, soit aujourd’hui accessible via des objets souvenirs mais surtout grâce à un travail local. L’office de tourisme s’adresse aux touristes en promouvant et soutenant véritablement son territoire.

Verquelure Manufacture Métis
De la verquelure, tissu traditionnel du pays de Montbéliard

fabrication de verquelure

D’ailleurs c’est grâce à l’office de tourisme du Pays de Montbéliard que j’ai visité la manufacture Métis. C’est aussi lui qu’il faut contacter si vous souhaitez en faire de même. Les visites se font sur rendez-vous, selon un calendrier qui inclut différentes entreprises, le mieux est de les contacter directement.

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2 commentaires Ajoutez les votres
  1. merci pour cet article qui met en lumière l’industrie du textile avec une approche artisanale en fait. Moi qui suis nulle en couture, je suis baba d’admiration devant toutes ces bobines !

    1. Moi, c’est mon incapacité à organiser mon bazar qui me laisse la bouche ouverte devant les bobines dont chaque fil doit passer au bon endroit. C’est très impressionnant et cela demande une patience que je n’aurai probablement jamais !

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