Non, l’école n’est pas obligatoire

Il y a ceux qui ont déjà repris et ceux qui comptent les jours. Il y a ceux qui vont chez les grands, ceux qui deviennent grands, ceux qui sont grands. Deux mots sur toutes les langues, quelque soit l’âge de l’interlocuteur : la rentrée, l’école.

Oui mais l’école n’est pas obligatoire. L’instruction l’est, de 6 à 16 ans. Et puis c’est tout !


Je pourrais jouer sur les mots, trouver des arguments faciles.
Ainsi si ma fille n’était pas née prématurée, sa rentrée aurait eu lieu en septembre 2015. Dans un an. Et puis il y a notre mode de vie, difficilement compatible avec une scolarité stable dans un même établissement.

Mais le choix a été fait avant de choisir une vie nomade, avant qu’elle ne sache marcher. Pour ma part l’idée était là avant même d’envisager d’avoir des enfants.

Ma fille n’ira pas à l’école. Selon le vocabulaire français officiel, nous allons pratiquer l’instruction en famille, IEF pour les intimes. Toujours selon les termes français, nous entrons dans la mouvance des apprentissages autonomes (tels que décrit par John Holt sous le terme unschooling) avec un soupçon de Montessori. Selon certains français nous sommes de dangereux extrémistes. La solution la plus courante est actuellement l’instruction en famille avec des cours par correspondance (CNED ou autres écoles).

Les apprentissages autonomes reposent sur la confiance en la capacité innée de tout être humain à apprendre. Les enfants apprennent à marcher, parler, interagir sans instruction formelle. Et tous les médecins sont d’accord sur le fait que pas deux enfants ne se ressemblent et qu’il faut les laisser grandir à leur rythme. Alors pourquoi ne pas les laisser grandir à leur rythme après l’âge de 3 ans ? Pourquoi décréter qu’il faut savoir lire à 6 ans tandis que tant de parents s’escriment à leur apprendre dès 4 ans ? Pourquoi 6 ans, alors que les finlandais n’apprennent à lire qu’à 7 ou 8 ans selon les aptitudes de l’enfant ? Et ce alors même que la Finlande a toujours des scores excellents en lecture aux tests PISA.

Les apprentissages autonomes reposent sur l’idée que lorsqu’on est prêt et motivé, tout est plus simple. Dans l’excellent ouvrage sur l’établissement Summerhill, le directeur – auteur nous explique que certains élèves n’ont jamais suivi aucun enseignement formel avant d’avoir 14 ou 16 ans. A ce moment là ils se décident pour une carrière scientifique et apprennent en une année l’intégralité des savoirs prévus dans les programmes qu’ils n’ont jamais suivi. Une année de mathématiques et de physique dans le plaisir d’apprendre contre 7 ans de contrainte pour les autres enfants. Et il suffit de poser à un enfant de 14 ans certaines questions sur le programme de CM2 pour voir que beaucoup d’information disparaissent.

Les apprentissages autonomes reposent sur le bon sens : personne n’a envie d’être l’idiot. Si un enfant a besoin de quelque chose, il se débrouillera pour l’acquérir. Il y a ceux qui ont ouvert un dictionnaire d’anglais pour la première fois de leur vie en lisant Harry Potter. Il y a ceux qui gardent précieusement leur argent de poche et comptent et recomptent leurs petites pièces pour s’acheter un trésor. Il y a ceux qui apprennent les divisions en coupant des parts de gâteaux.
On peut nous objecter que notre fille n’apprendra jamais les multiplications. Peut-être qu’elle n’en n’aura effectivement jamais l’utilité. Mais si ça ne lui sert à rien, est-ce que ça lui manque vraiment ?
Il suffit de comparer les programmes scolaires de différents pays pour prendre la mesure de tout ce qu’il est possible d’apprendre dans une vie.

Il y a quelques temps on m’a posé une question assez naïve « tu penses vraiment que c’est une bonne idée de faire ça ? »
Je suis comme la grande majorité des mamans : je ne peux pas prédire l’avenir de ma fille, alors je me contente de faire de mon mieux en tentant de prendre les meilleurs décisions, de lui offrir une belle vie. Chaque jour je l’écoute pour ajuster mes choix à ses besoins. Car ce n’est pas la meilleure solution, seulement notre meilleure solution aujourd’hui, avec une petite fille de bientôt 3 ans.

"Je ne fais pas l'école à la maison parce que c'est facile. Je fais l'cole à la maison car c'est la meilleure option pour mes enfants"
« Je ne fais pas l’école à la maison parce que c’est facile. Je fais l’école à la maison car c’est la meilleure option pour mes enfants »

Et comme il y a autant de façon de faire l’IEF que de raison de le faire ou que de famille qui le font, je vous laisse avec un article présentant une autre famille dans un autre style de vie.

Bonne rentrée à tous;-)

18 commentaires Ajoutez les votres
  1. Comme tu as raison de prôner les apprentissages autonomes Tiphanya. Et je n’ai pourtant pas d’enfant pour étayer mon accord avec toi.
    Mais je me souviens de mon enfance avec ma mère qui faisait tout en son pouvoir pour m’ouvrir l’esprit, me faire réfléchir et me donner envie d’apprendre en dehors de l’école. C’est ce qui m’a permis d’être parmi les meilleurs élèves jusqu’à ma crise d’ado abruti. 😛

    Ce que je trouve le plus intéressant dans ce mode d’éducation c’est le fait de pouvoir enseigner nos propres valeurs et d’éviter une sorte de « lavage de cerveau » prodigué par des programmes soit inadaptés, soit complètement faux. Enfin, pas pour tous heureusement.
    Mais quand je me souviens de mes cours d’histoire par exemple et que je vois la réalité de certains faits des années plus tard, je pense vraiment que l’éducation nationale nous fait prendre des vessies pour des lanternes. Et ça me fait mal !

    1. L’histoire, la géographie mais aussi la capacité à s’interroger et à se défendre sont biaiser par le système scolaire. Une solution qui ne peut pas convenir à tous les parents, mais comme nous avons choisi de vivre notre vie en mettant la priorité sur notre famille et nos rêves, on en profite pour faire ce qu’il faut.

  2. J’ai rencontré la famille des Herbes Folles (http://www.ecoledesherbesfolles.fr/) qui font de l’IEF, un peu de Montessori et surtout du unschooling. Ce sont des personnes très censées !! Je te conseille leur site au cas où tu ne les connais pas car il y a également un forum pour toutes les familles qui ont fait votre choix (même si pour l’instant c’est un peu tôt, les inspections ne commencent qu’à 6 ans !!).

  3. Effectivement, quand je parle de unschooling, ma famille et mes amis s’effraient. « Mais il doit apprendre des choses sinon il va râter sa vie ! » En gros, le message se résume à ça. Comme si l’école te faisait réussir ta vie ! Et comme si, j’allais laisser mon fils rester un ignare ! Comme si les enfants étaient incapables d’apprendre en autonomie après même 3 ans ! Alors que jusqu’à présent, ils ont appris à parler, à marcher, à construire des tours, à s’habiller, à se laver et se brosser les dents, à être propre sans aller à l’école et quasiment tous seuls ! Alors, je défends ce choix qui témoigne d’une confiance en son enfant ! Faisons confiance et je crois que la motivation et la liberté d’apprendre feront le reste.

    1. Un chercheur américain a interviewé et publié il y a peu un rapport sur des adultes anciens unschoolers. Et aucun ne considère qu’il a râté sa vie. Par contre, ils n’ont effectivement pas tous fait de doctorat ou d’études de commerce. Je pense que la première chose qui dérange et de ne pas vouloir de pseudo voie royale / parfaite pour nos enfants !

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