De l’art d’être soi-même

Lundi dernier, j’étais complètement stressée ravie de parler de voyage en famille avec Eric Lange dans l’émission Allo la Planète. Et puis il y a eu cette remarque, qui revient tout le temps, on voyage bien différemment quand on a des enfants.

Depuis lundi, cette phrase tourne dans ma tête (de même que mon incapacité à répondre), avec d’autres idées entendues, d’autres remarques, liées à la parentalité. « Je ne suis là que pour les enfants ». « Sans les enfants je n’ai aucune raison de faire ça ».

Je ne voyage pas différemment depuis que je voyage avec ma fille. Par contre je voyage différemment quand je voyage avec mon namoureux.

Peut-être que cela tient au fait que je n’ai jamais été une grande fan des sorties nocturnes. Peut-être pas.

Je pense qu’être soi-même, en présence de son enfant, c’est lui apprendre à s’écouter et se faire confiance. Emmener ma fille dans les musées depuis sa naissance, mais aussi dans des salons de thé, chez des couchsurfeurs ou en randonnée, c’est agrandir son horizon, lui faire confiance pour s’adapter et l’inclure dans ma vie.
Je n’ai pas envie de n’être qu’une maman quand je suis avec elle. Je n’ai même aucune envie de devoir me limiter à des zoos et des musées à vocation pédagogique, ne manger que de la nourriture « facile » et ne discuter qu’avec d’autres mamans. Je n’y prends pas plaisir et je pense que ma fille le ressent. Je n’ai aucune envie de lui transmettre l’idée que la vie s’arrête quand on a des enfants, que nos désirs ne seront que frustration et qu’il faudra réserver à l’avance une baby-sitter pour oser s’accorder un après-midi de plaisirs personnels.

En voyage et au quotidien, je veux être moi-même, gourmande, curieuse, marcheuse. Je ne veux pas abreuver ma fille de belles paroles, mais je veux tenter d’être un exemple. L’opposé de cet adage qui dit «  Faites ce que je dis, pas ce que je fais ».

Il y a quinze ans, lors de mon séjour en solo à Melbourne je n’ai discuté qu’avec des Français. Il y a trois ans lors de notre séjour en famille au Japon, nous avons discuté avec des Français et surtout des Japonais. Je pensais que ce changement n’était dû qu’à la présence de ma fille, et si j’avais tord (au moins en partie) ? Il y a quinze ans, c’était mon premier voyage en solo et j’avais un anglais scolaire. J’étais terrifiée à l’idée que quiconque engage une discussion (tout en rêvant de rencontrer du monde). Au Japon, je n’avais plus rien d’une voyageuse apeurée, alors même que j’avais des connaissances en japonais très limitées. Imaginer une photo de ces deux personnes que j’ai été et les poser côte à côte me fait sourire. Je doute que la présence de ma fille y soit pour grand-chose finalement.

Ma vie a changé, j’ai établi des priorités, comme construire une famille, vivre sans école, maintenir une ouverture sur le monde qui nous entoure. Moi-même j’ai changé au cours des cinq dernières années. Par ailleurs je prends en compte mon namoureux et ma fille pour faire des choix, mais sans me sentir obligé de le faire, juste parce que j’ai choisi de vivre avec eux.

Aujourd’hui je suis allée à un atelier de confection de cœurs en crochet pour du street art de la St Valentin. J’ai demandé à Nine ce qu’elle pensait de ce temps rien que pour moi : « C’est bien pour toi. »

Ce temps pour moi est pour moi et un peu pour elle, pour lui donner le goût d’avoir des envies, des projets, des rêves et de trouver le temps et les moyens de les concrétiser.

8 commentaires Ajoutez les votres
  1. Je ne suis pas tout à fait d’accord avec tes propos, je pense qu’obligatoirement notre façon de voyager change quand on a des enfants tout simplement parce que nous changeons. Ce n’est pas une histoire de faire ou de ne plus faire telle ou telle sortie/visite, c’est plutôt au niveau du rythme que ça se trouve. Quand nous étions 2, nous partions très souvent en week end, on sautait dans un avion le vendredi, on rentrait le lundi matin, c’était un peu la course pendant 3 jours entre les musées, les balades et les restos … mais avec des enfants, on ne le fait plus, pas à cause d’elles mais parce que nous, nous trouvons ça épuisant un tel rythme pour notre famille. Si mes enfants m’ont appris une chose, c’est à prendre le temps. On arrête de courir, on profite, même si cela implique de pas pouvoir TOUT faire 🙂

    1. Je suis en partie d’accord avec toi. Mais je connais des parents qui refusent de voyager autrement qu’en courant partout. Alors les petits vont chez papi et mamie et quand ils seront grands seront inclus dans ces voyages-courses.
      Nous changeons, par la présence de nos enfants, mais aussi nos choix de vie (partir avec ou sans ses enfants, se sentir plus vite fatigué, etc). C’est un package et je pense que nous faisons des raccourcis en disant « à cause/grâce aux enfants ». Personnellement ma façon de voyager n’a pas vraiment changé en raison de la présence de ma fille.

  2. Avec mon aînée, j’avais aussi ce sentiment de ne pas voyager différemment… Avec le second, c’est beaucoup moins vrai. Je pense que certains enfants s’adaptent très facilement à nos rythmes, envies quand d’autres nous demandent de davantage nous adapter, nous! L’art d’ être eux-même!

    1. Moi je ne cache pas que celui qui me fait voyager différemment c’est mon namoureux. Nous ne visitons pas du tout les musées de la même façon par exemple. Il adore y passer la journée. Par contre être assis dans un café plus de temps qu’il n’en faut pour juste boire un café, ça le déstabilise.
      Ce qui nous change c’est la personne (ou les personnes, ça marche tant pour les enfants que les amis, conjoints, etc) qui nous accompagne.

  3. Bonjour,
    je n’ai pas non plus le sentiment d’avoir changé ma façon de voyager depuis la présence des enfants. Par contre, les voyages restent variés : seule, à deux ou en famille. Mes enfants sont jeunes mais j’ai hâte que d’ici quelque temps, ils donnent leurs avis quant aux destinations, activités,… Nos voyages changeront grâce à leurs envies et personnalités !

    1. Je suis effectivement surprise qu’à 4 ans, ma fille n’influence pas plus le cours des voyages. Mais elle a des goûts que nous ne pouvons satisfaire pour l’instant : aller en Chine en camping-car ou partir voyager en vélo pour toute la vie dans tous les pays du monde. Alors en attendant, je reste aux commandes.

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